Jospin et le logement social : Il est urgent de… démolir05/10/20012001Journal/medias/journalnumero/images/2001/10/une-1733.gif.445x577_q85_box-0%2C11%2C166%2C227_crop_detail.jpg

Leur société

Jospin et le logement social : Il est urgent de… démolir

"Casser les ghettos" pour "en finir avec les cités-dortoirs" tel a été l'objectif donné par Jospin au gouvernement, le 1er octobre, à l'issue du "Comité interministériel de la ville", suivi des visites aux mairies de Trappes et de La Verrière, deux villes de la région parisienne, dans lesquelles le problème du logement social est particulièrement aigu.

La proposition de Jospin, qui consiste à présenter la démolition des cités HLM dégradées comme la solution plutôt que leur réhabilitation, n'est pas vraiment nouvelle.

Depuis une dizaine d'années, les démolitions se sont effectuées au rythme d'environ 3 000 à 5 000 logements par an. Désormais, selon Jospin, il faudrait accélérer et détruire chaque année au moins 10 000 logements des cités vétustes, puis "profiter de ces démolitions pour construire sur les anciens sites HLM des activités économiques ou des logements avec des formules d'accession à la propriété". Ainsi, la "mixité sociale", autre formule appréciée des gouvernants, serait enfin réalisée... La démolition devenant la priorité des priorités et coûtant entre 100 000 et 200 000 francs par logement, le gouvernement annonce qu'il augmente l'enveloppe du budget du secrétariat d'Etat à la Ville de 35 milliards de francs sur les cinq ans à venir. Trois milliards pris sur les fonds du "1 % logement", normalement réservés à la construction de logements pour les salariés, serviraient également au financement des démolitions.

Mais ces destructions de milliers de logements sans que, dans le même temps, soit mis en oeuvre un plan cohérent d'urbanisme et de reconstruction, ne peuvent qu'aggraver la situation actuelle. Détruire une partie des immeubles d'un quartier populaire sans entreprendre immédiatement la réhabilitation de l'ensemble peut signifier la ruine de tout le quartier, avec ce que cela implique pour sa population, fermeture des commerces, des services, dégradations de l'environnement, etc. En fait, le gouvernement actuel, tout comme ses prédécesseurs, n'est pas avare de discours sur "les grands projets de ville", la "requalification urbaine", la "mixité sociale". Dans les faits, il ne se donne pas les moyens financiers et n'a pas la volonté politique de les mettre en oeuvre. Parce que, dans ce domaine comme dans tous les autres, il ne défend pas les intérêts des travailleurs, de tous ceux qui ont droit à un logement mais n'ont pas toujours les moyens de le payer, et parce qu'il s'incline devant les intérêts des classes riches. Pour ne prendre qu'un exemple, l'obligation pour chaque commune de disposer dans son périmètre d'au moins 20 % de logements sociaux est bien inscrite dans la fameuse loi de Renouvellement urbain (loi SRU). Mais combien de communes huppées s'y refusent obstinément, préférant leur ghetto de riches plutôt que la mixité avec le monde du travail, sans que les pouvoirs publics réagissent ?

Accroître l'offre de logements corrects et à bon marché en même temps qu'on démolit les immeubles délabrés est indispensable. Or depuis des années, la construction du logement social est en panne et les réhabilitations possibles du parc social se font au compte-gouttes. Et la politique du gouvernement actuel tout comme les récents discours de Jospin n'annoncent aucun changement. A tous les mal-logés des cités des quartiers populaires, Jospin et ses ministres viennent de déclarer qu'il est surtout urgent... de démolir. Quant à leur permettre d'avoir un logement répondant à leurs besoins, ce n'est visiblement pas une priorité de ce gouvernement prétendument socialiste.

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