Un système barbare28/09/20012001Journal/medias/journalnumero/images/2001/09/une-1732.gif.445x577_q85_box-0%2C11%2C166%2C227_crop_detail.jpg

Dans le monde

Un système barbare

Quand Denis Kessler, le président de la Fédération française des compagnies d'assurances, a parlé de "barbarie absolue", dans une interview donnée au journal Le Quotidien d'Alsace, il ne faisait pas référence aux victimes des attentats de New York, mais parlait de la spéculation "abjecte", selon ses termes, qui s'était effectuée à la Bourse avant ces attentats, notamment sur les sociétés de réassurance.

Que les banquiers ou les assureurs s'émeuvent plus de la perte possible de profits que de celle de vies humaines n'est pas surpenant. Ce qui l'est plus, en revanche, c'est de les entendre employer de tels qualificatifs à propos de la spéculation.

Il y aurait donc une "bonne" spéculation, le jeu boursier habituel, qui serait moral, et une autre "barbare" ? Mais qu'est-ce que la spéculation, sinon faire des profits personnels pour une poignée de capitalistes, sans même contribuer à créer des richesses dont pourrait profiter l'ensemble de la population ? Jouer sur les taux de change des monnaies, par exemple, pour gagner de l'argent, serait-il plus moral que de vendre ses actions de compagnies aériennes (qui avaient déjà commencé à baisser) avant les attentats ? Tout comme acheter au plus bas prix possible, prix fixé d'ailleurs dans les Bourses des pays développés, les matières premières ou les produits agricoles des pays du Tiers Monde, quitte à créer encore plus de misère, de famine et de morts dans ces pays ? Créer la pénurie pour faire grimper les prix au lieu de nourrir la planète ?

Ces quelques exemples montrent que c'est cela, la spéculation "normale" du système capitaliste : une poignée de profiteurs qui s'enrichissent en spéculant sur la misère et la vie des pauvres de la planète.

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