Transport aérien mondial : Cent mille licenciements annoncés28/09/20012001Journal/medias/journalnumero/images/2001/09/une-1732.gif.445x577_q85_box-0%2C11%2C166%2C227_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

Transport aérien mondial : Cent mille licenciements annoncés

Le 11 septembre, quatre avions, détournés par des terroristes, s'abattaient aux Etats-Unis. Dans la semaine qui suivait, ce sont 100 000 travailleurs, pris en otages par leurs employeurs, les compagnies aériennes, dont les emplois se crashaient tandis que l'Etat américain annonçait le déblocage de 18 milliards de dollars de subventions pour ces mêmes compagnies.

Même s'ils ont eu pour effet immédiat de geler l'ensemble du trafic aérien de ce pays, puis par contrecoup de dissuader certains voyageurs d'emprunter ce mode de transport, les attentats de New York et Washington ne pouvaient pas, en quelques jours, faire subitement piquer du nez à la trésorerie des compagnies américaines. Les problèmes de certaines d'entre elles viennent de plus loin : ils tiennent à la concurrence acharnée que se livrent les capitalistes du secteur pour se tailler la part du lion dans un espace aérien américain qui concentre plus de la moitié de tout le trafic mondial, et surtout de sa clientèle la plus riche.

En fait, toutes les compagnies, y compris celles qui ont une santé financière florissante - telle l'une des premières au monde, Delta - ont sauté sur l'occasion fournie par les attentats pour "dégraisser" et se remplir les poches. Et elles ne sont pas les seules. Boeing, premier constructeur d'avions du monde, a, lui, supprimé d'un seul coup 30 % de ses effectifs (30 000 travailleurs !) sous prétexte qu'au lieu de 528 avions prévus, il n'en livrerait que 500 cette année !

De l'autre côté de l'Atlantique, les grands du transport aérien européen ont fait leur le slogan "Nous sommes tous américains", en emboîtant le pas à leurs rivaux d'outre-Atlantique. Précisément parce qu'ils sont rivaux et qu'il ne s'agissait pas de les laisser, seuls, profiter de la situation. La plus grande compagnie d'Europe, British Airways, a aussitôt licencié des milliers de salariés, comme elle le fait à intervalles réguliers pour doper sa rentabilité. Lufthansa a agi de même, Swissair aussi et de nombreuses autres dans leur sillage. Air France ne parle pas de licenciements, mais de "gel des embauches", ce qui revient finalement au même, son PDG ne se donnant même pas la peine d'arguer de prétendues difficultés : il aurait pris là une "mesure de précaution"...

Les Etats européens n'ont, eux non plus, pas voulu être en reste sur leur homologue américain. Mais ils l'ont imité de façon hypocrite, en se retranchant derrière l'Union européenne pour annoncer des mesures d'aides aux compagnies, puis en prétendant que cela n'avait rien à voir avec des subventions.

Pour le moment, il n'est donc officiellement question pour les Etats de ce côté-ci de l'Atlantique "que" de prendre à leur charge la hausse des primes d'assurance aérienne, notamment des risques de guerre.

Celles-ci ayant, dit-on, plus que décuplé, ce sont les géants de l'assurance que l'on va subventionner au travers des compagnies aériennes. Bien sûr, ces "aides", les Etats en présenteront la note aux contribuables, comme pour celles dont on ne court pas grand risque à parier qu'elles vont suivre. La seule incertitude concerne les "bonnes raisons" dont les gouvernements les habilleront.

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