Air France : "gel des embauches" et demandes de subventions28/09/20012001Journal/medias/journalnumero/images/2001/09/une-1732.gif.445x577_q85_box-0%2C11%2C166%2C227_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

Air France : "gel des embauches" et demandes de subventions

L'annonce du "gel des embauches" par le PDG d'Air France, Spinetta, n'a pas été une surprise. Air France fait comme toutes les grandes compagnies aériennes : elle profite du climat créé par les attentats de New York. Et, comme d'autres en Amérique ou en Europe, elle le fait sans vergogne.

Début septembre, donc avant les attentats, la direction d'Air France avait annoncé un "plan d'économies" de cinq milliards de francs. Un de plus. En effet, cela fait des années qu'Air France accumule les "plans" sur le dos de ses salariés, et les dividendes qu'elle en retire, notamment par le blocage des salaires et le non-remplacement des départs en retraite.

La compagnie externalise aussi de plus en plus d'opérations et services. Cela lui permet d'en diminuer le coût, à charge pour certains de travestir la réalité, tel Gayssot qui, au débat sur les transports à la Fête de l'Humanité, avait des trémolos dans la voix en présentant comme "une chance", sinon comme une oeuvre de bienfaisance, l'accord de sous-traitance qu'il venait de signer avec Air Vietnam !

Le prétexte américain...

Sur la lancée de son "plan d'économies", dès le surlendemain des attentats de New York, Spinetta a adressé une lettre au personnel pour l'appeler à "plus d'efforts". Quelques jours plus tard venait le "gel des embauches". On le constate, les événements américains ont été surtout vus par la direction d'Air France comme une aubaine pour pousser une opération qu'elle avait entamée bien avant. Et pour quêter des subventions - pardon, des "aides", le gouvernement français refusant hypocritement, comme ses homologues de l'Union européenne, d'employer ce terme.

... pour doper les profits

Pour préparer l'opinion publique à l'annonce de licenciements et d'aides publiques dans le même temps, nombre de compagnies aériennes européennes se sont présentées comme frappées par la diminution du trafic transatlantique qui résulterait des attentats new-yorkais.

Air France ne peut guère invoquer cet "argument" : les liaisons transatlantiques ne représentent que 18 % de son trafic total. En outre, et sa direction ne se privait pas de s'en glorifier dans la presse encore récemment, Air France serait actuellement une des compagnies les plus profitables d'Europe, en tout cas celle qui affiche les plus forts taux de remplissage et la croissance la plus élevée du nombre de passagers. C'est d'ailleurs sa très bonne santé financière qui lui a permis ces derniers temps, outre de distribuer de confortables dividendes à ses actionnaires (voir ci-contre "Fais c'que j'dis, pas c'que j'fais"), d'attirer dans son orbite des compagnies comme Alitalia, Sabena (Belgique), CSA (Tchéquie)...

Eh bien, Air France n'en tend pas moins la main au gouvernement et ne se gêne pas non plus pour annoncer qu'elle gèle l'embauche. Y compris celle d'ex-salariés d'AOM-Air Liberté à qui elle et le gouvernement l'avaient promise.

Evidemment, si maintenant on n'entend plus Gayssot plastronner, et encore moins Jospin, c'est - "qui ne dit mot consent" - que l'un et l'autre se satisfont de cette situation. Car, on le constate à nouveau, ils n'ont rien à refuser aux patrons du transport aérien, comme aux autres d'ailleurs.

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