Projet de budget : Budget de campagne21/09/20012001Journal/medias/journalnumero/images/2001/09/une-1731.gif.445x577_q85_box-0%2C11%2C166%2C227_crop_detail.jpg

Leur société

Projet de budget : Budget de campagne

Le projet de budget, présenté le 18 septembre par Fabius au nom du gouvernement, s'inscrit dans la continuité du précédent. Il est marqué par le maintien des priorités gouvernementales en faveur des entreprises, disons plus justement, en faveur de leurs actionnaires, et de ceux que l'on classe dans la catégorie, mal définie mais significative, des "classes moyennes".

Ce sont parfois les mêmes. Mais comme les élections approchent, et qu'il faut tenter de donner à ce projet un habillage social (pas trop cependant, car Fabius a fait sienne la formule selon laquelle les élections se gagnent au centre), le ministre des Finances fait un effort de présentation. Il soigne l'emballage. Il insiste donc sur le fait qu'une nouvelle baisse de l'impôt sur les revenus est programmée, qui atteindrait 12,5 milliards de francs. Il explique que les principaux bénéficiaires de cette baisse seraient les bas et les moyens revenus. Sauf que, comme il y a beaucoup plus de bas salaires assujettis que de moyens et surtout que de bénéficiaires de gros revenus, la baisse ne jouera pas de la même façon sur les plus riches et ceux qui se situent au bas de l'échelle. C'est donc une manière de truquer la réalité, avec des chiffres vrais.

Même ficelle lorsque on explique que les particuliers (toutes catégories confondues) seront logés à la même enseigne que les "entreprises" (leurs actionnaires), puisque ces dernières bénéficieront d'une réduction du même ordre que celle s'appliquant aux impôts sur le revenu, soit 14 milliards en moins pour les entreprises et moins 5,3 milliards sur l'impôt sur les sociétés, auxquels s'ajouteront 8,8 milliards provenant de la réduction de la part salariale de la taxe professionnelle (cette réduction de la part salariale bénéficie, malgré son nom, aux patrons). En fait la part n'est pas égale. D'abord parce que les actionnaires bénéficient à différents titres de ces réductions, au titre de leurs revenus (dont une partie peut par ailleurs échapper en toute légalité au fisc) ; au titre de l'impôt sur les sociétés. Et là encore, comme le nombre de bénéficiaires est bien moindre, chacun d'entre eux est bien mieux loti.

Par ailleurs Fabius se flatte des embauches prévues dans la fonction publique. Les chiffres qu'il avance sont dérisoires : 7 700 postes à l'Education nationale et 3 000 pour la justice auxquels s'ajoutent, en guise de fonction publique, 3 000 pour la police et 1 000 pour la gendarmerie. En supposant qu'il ne s'agisse pas tout simplement de la titularisation de gens déjà en place. Ces chiffres sont même dérisoires au regard des compressions de personnel dans la période antérieure : on est bien loin de rattraper les pertes. Mais ils sont dérisoires surtout au regard des besoins.

Voilà donc un budget à l'image de ce gouvernement : au service des nantis.

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