Attentats de New York : Quand les usa aidaient les terroristes islamistes...21/09/20012001Journal/medias/journalnumero/images/2001/09/une-1731.gif.445x577_q85_box-0%2C11%2C166%2C227_crop_detail.jpg

Dans le monde

Attentats de New York : Quand les usa aidaient les terroristes islamistes...

Il n'est pas encore certain qu'Oussama Ben Laden, qui s'était acquis le soutien du gouvernement afghan, et l'aide d'une partie de l'appareil d'Etat pakistanais, soit responsable de l'attentat commis le 11 septembre contre les "Twin Towers" de New York.

Mais il est en revanche manifeste que les Etats-Unis se sont servis, pour bien des raisons, du terrorisme islamiste dans cette région du globe, avant de le dénoncer aujourd'hui.

C'est la CIA qui a recruté en 1979 Oussama Ben Laden, rejeton d'une riche famille saoudienne, diplômé en génie civil, et résidant à Istanbul. A l'époque, la CIA cherchait un intermédiaire financier pour le trafic d'armes financé par les Etats-Unis et l'Arabie Saoudite à destination de l'Afghanistan afin d'y aider la résistance armée à l'occupation soviétique. Oussama Ben Laden y devint, du point de vue de leurs intérêts, le distributeur de leur manne, et du point de vue du sien, un riche financier vivant du trafic de l'opium, des armes, mais aussi de bien d'autres activités financières plus classiques, et nouant des liens avec bien des milieux politiques et étatiques.

On peut dire du régime des taliban que leurs rapports avec les Etats-Unis furent similaires : quand les taliban finirent par s'emparer du pouvoir en 1996, les Etats-Unis virent leur arrivée à la direction du pays d'un bon oeil. Ils mettaient fin à plusieurs années de lutte armée entre les différentes factions de la résistance qui avaient obtenu le départ des soviétiques en 1989 mais s'étaient ensuite entretuées pendant sept ans. Que les taliban aient commencé dès cette époque à faire vivre au pays un quasi-retour au Moyen Âge, appliquant dès le début de leur pouvoir la loi coranique, bastonnant et mutilant en guise de peines légales, mettant les femmes sous le voile et leur imposant la réclusion, faisant des autodafés de pellicules, d'appareils photos et vidéos, de radiocassettes, et bien d'autres dingueries barbares encore, ne les avait à l'époque pas choqués. Un porte-parole du Département d'Etat américain de l'époque déclarait qu'il ne voyait "rien de critiquable (dans) les mesures prises par le mouvement taliban pour imposer la loi islamique dans les zones qu'il contrôle". Le journal Washington Post écrivant à ce sujet que les taliban étaient "anti modernistes plutôt qu'antioccidentaux".

Il y avait aussi, derrière tout cela, le projet de la société Unocal Corporation, un consortium américain exploitant l'énergie et le pétrole - la même compagnie qui s'est, il y a peu de temps, illustrée en Birmanie - de faire passer par l'Afghanistan et le Pakistan un gazoduc et un pipe-line, et bien d'autres convoitises encore d'autres multinationales sur les richesses minières d'Asie centrale.

Quant au Pakistan, c'est aussi sans sourciller sur le fait qu'il était le premier, depuis 1973, à offrir dans la région de Peshawar une base arrière aux premiers maquis intégristes afghans, que les Etats-Unis en firent leur allié. Le Pakistan cherchait une façon d'appuyer sa politique d'expansion dans la région, et dans ce but a particulièrement misé depuis peu sur la mouvance Ben Laden ; mais les Etats-Unis cherchaient un allié dans la région, et ce ne pouvait être ni l'Iran, ni l'Irak...

Certes, ce ne sont pas les Etats-Unis qui ont créé le terrorisme islamiste dans cette région du globe. Cela, la misère, les conflits permanents, l'arriération, la corruption des appareils d'Etat qui ressemblent parfois plutôt à une association de caïds locaux, et plus globalement aussi, l'absence depuis des années de luttes de la classe ouvrière, qui puissent montrer aux opprimés une autre façon d'exprimer leur ressentiment, en sont les facteurs. Mais les Etats-Unis en ont été les manipulateurs hypocrites, et ce ne sont pas les manipulateurs qui paient aujourd'hui les frais de cette politique, mais ceux qu'ils exploitent aussi, leur propre population.

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