Quand la gauche gouvernementale fait son cinema31/08/20012001Journal/medias/journalnumero/images/2001/08/une-1728.gif.445x577_q85_box-0%2C13%2C166%2C228_crop_detail.jpg

Editorial

Quand la gauche gouvernementale fait son cinema

A l'issue de l'"université d'été" du PCF, Robert Hue a qualifié la politique du gouvernement de "tiède dans ses objectifs" et de "terriblement pâlichonne dans ses résultats". "Tiède" et "pâlichonne" c'est toutes les critiques que voit Robert Hue envers cette politique qui soutient les licenciements, qui privatise les services publics quand il ne les étrangle pas, qui bloque les salaires. Décidément, Robert Hue mâche ses mots pour ne pas heurter Jospin.

Aux journalistes qui l'interviewaient, Robert Hue a déclaré qu'il était important que le PCF fasse le meilleur score possible aux prochaines élections, afin de pouvoir peser davantage sur les choix du gouvernement. C'est une blague ! Qu'ont donc fait les ministres communistes depuis quatre ans ?

Pour cette rentrée, 33 entreprises s'apprêtent à supprimer 14 000 postes de travail, d'après le décompte fait par le quotidien Libération, et pas complet selon le journal. C'est le résultat des "plans sociaux" annoncés chez Lu, Marks et Spencer, AOM-Air Liberté, Moulinex, etc. qui vont tout de même jeter au chômage des milliers de salariés. Et ces licenciements scandaleux, dans des entreprises qui, dans leur grande majorité, sont florissantes (du point de vue des actionnaires), se font avec l'accord, l'appui même, d'un gouvernement qui se dit socialiste et communiste.

En effet, Robert Hue n'a même pas osé critiquer vraiment Jospin et a écarté l'idée que le Parti Communiste pourrait quitter de lui-même le gouvernement, et il a assuré que, quoi qu'il arrive, il se retrouverait avec Jospin au deuxième tour des élections présidentielles de 2002. Et on sera reparti pour cinq ans de privations pour les travailleurs.

En réalité, la seule chose que cherche réellement Robert Hue, en critiquant la politique du gouvernement tout en s'en montrant solidaire dans les faits, c'est de donner aux électeurs, ou aux anciens électeurs du PCF, des raisons de voter pour son parti lors des élections de l'an prochain et de prouver ainsi aux dirigeants du Parti Socialiste qu'ils ne devront pas oublier le Parti Communiste dans la répartition des fauteuils ministériels et des postes en tout genre qui vont avec. Mais ce qu'il fait surtout, c'est rabattre des voix communistes pour Jospin.

Et c'est le même scénario du côté des Verts. Les ministres écologistes ont été aussi inefficaces, en ce qui touche à la protection de la nature, que les ministres communistes en ce qui concerne la défense des intérêts des travailleurs.

Mais tout cela n'empêche pas les Verts d'essayer de faire croire qu'ils incarnent une autre politique au moins sur la réouverture du tunnel du Mont-Blanc car ils se sentent beaucoup moins concernés par le sort des travailleurs. Mais là aussi, ce sera finalement Jospin qui décidera. Les députés Verts n'auront plus qu'à avaler de nouvelles couleuvres. Mais qu'importe, le principal est de ramener la gauche plurielle et ses ministres au pouvoir.

En fait, du côté des dirigeants du PCF, comme d'ailleurs des Verts, les réserves exprimées sur la politique gouvernementale constituent un moyen d'essayer d'occuper un peu plus de place au sein de la majorité dite "plurielle".

Le patronat aurait cependant tort de se réjouir, car s'il n'a effectivement rien à craindre des partis de la gauche gouvernementale, il n'est pas pour autant à l'abri de la colère des travailleurs. Et celle-ci éclatera tôt ou tard, car la soif de profit de la bourgeoisie l'empêchera de s'arrêter à temps. Et la coupe risque à juste titre de déborder bientôt.

Partager