Le discours de Hue à l'"université d'été" du PCF : Une tiède et pâlichonne critique de Jospin31/08/20012001Journal/medias/journalnumero/images/2001/08/une-1728.gif.445x577_q85_box-0%2C13%2C166%2C228_crop_detail.jpg

Leur société

Le discours de Hue à l'"université d'été" du PCF : Une tiède et pâlichonne critique de Jospin

Robert Hue a appelé à une "autre politique à gauche", devant quelque 250 militants lors de l'université de son Parti qui se tenait à Aubagne les 25 et 26 août, sur un ton qui se voulait offensif.

Il a critiqué la politique du Parti Socialiste et de Jospin "tiède dans ses objectifs et terriblement pâlichonne dans ses résultats "parce qu'" elle se refuse au fond à contester les règles du capitalisme". A quelques mois des élections présidentielle et législatives, Hue voudrait bien donner aux militants et sympathisants du parti, et surtout aux électeurs communistes, des raisons de faire voter et de voter pour le PCF, mais de là à tourner radicalement le dos à la politique de Jospin, il y a un pas que se refuse à franchir Robert Hue. Le résultat s'appelle la "distanciation positive" : des critiques très mesurées dans le cadre d'un soutien à la politique gouvernementale.

Hue revendique, en effet, "les apports positifs au bilan de cette majorité, de ce gouvernement". Le dirigeant du Parti Communiste veut-il parler de la loi de modernisation sociale, par exemple ? Cette loi Guigou que les députés du PCF ont finalement votée en juin dernier, alors que cette loi n'impose rien aux patrons et n'empêchera pas un seul licenciement. D'ailleurs elle n'en aurait empêché aucun dans la vague actuelle de "plans sociaux", comme le reconnaissait L'Humanité voici quelques jours.

Hue a tenu à dire que "l'ambition des communistes ne peut nullement se cantonner à jouer un rôle d'appoint au sein d'un majorité dominée par le PS". Bien des militants et sympathisants ont sur l'estomac cette caution systématique que le PCF a apportée au PS durant toutes ces années, caution que le PCF paie d'une désaffection de certains de ses militants et sympathisants et d'une perte constante de son influence électorale. Mais Robert Hue n'émet aucune critique de la politique menée par les ministres communistes au gouvernement et par les députés PCF qui le soutiennent. Au contraire, il estime le rôle du PCF "constructif" malgré la "suprématie pesante que le PS exerce". Cela fait des années que le PCF justifie sa présence dans la majorité par le rôle d'aiguillon qu'il y tiendrait. Mais ni ses ministres -certes très minoritaires- ni ses députés -sans lesquels Jospin peinerait à avoir une majorité au Parlement- n'ont jamais utilisé leur position pour faire réellement pression sur Jospin. En tout cas, jamais jusqu'à refuser de lui apporter leur soutien quand il en avait besoin, afin de tenter de le forcer à prendre les mesures nécessaires pour protéger les travailleurs contre les licenciements collectifs, par exemple.

Et c'est bien pour cela que dans son discours, Hue ne pouvait qu'entretenir un grand flou sur ce que pourrait être cette "autre politique de gauche" dont il se présente comme le champion.

Aux militants qui pouvaient attendre des orientations claires et précises sur la politique que la direction du PCF annonce pour les mois à venir, Hue s'est contenté de promettre, par exemple, que les élus seraient "particulièrement attentifs et combatifs au moment de l'examen du budget au Parlement, pas moins, on peut en être sûr, que lors de la discussion du volet anti-licenciement de la loi de modernisation sociale".

Cela risque fort de ne pas rassurer du tout les militants. Car enfin, tout comme lors du vote de la loi Guigou, Hue propose simplement que son parti fasse un peu de bruit autour de quelques amendements pour finalement s'incliner et adopter le budget de Jospin. C'est en tout cas ce que peuvent craindre bien des militants du Parti Communiste.

Les militants communistes qui se posent sincèrement le problème de riposter aux attaques du patronat, soutenu par Jospin, risquent de ne pas trouver beaucoup d'aide dans les dernières orientations de leur principal dirigeant qui n'ose même pas taper du poing sur la table et se contente d'une acrobatie verbale... tiède et pâlichonne.

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