Lannion (22) : Les vagues de licenciements31/08/20012001Journal/medias/journalnumero/images/2001/08/une-1728.gif.445x577_q85_box-0%2C13%2C166%2C228_crop_detail.jpg

Leur société

Lannion (22) : Les vagues de licenciements

Mardi 21 août, un rassemblement appelé par les syndicats CGT, CFDT et FO a eu lieu devant les locaux de l'entreprise Highwave Optical Technologie, située à Lannion. Quelques centaines de manifestants, salariés de cette entreprise et militants des entreprises environnantes, avaient tenu à protester contre les quelque 500 licenciements annoncés dans cette entreprise qui compte un peu plus de 1 000 salariés. Une délégation de Lucent Technologie, où 104 licenciements sont également annoncés, avait rejoint le rassemblement.

En fait, c'est tout le secteur de l'optronique (fibres optiques) et des nouvelles technologies qui est aujourd'hui touché par une vague de restructurations. Entre 1000 et 1500 emplois seraient supprimés dans les entreprises situées sur le technopôle de Lannion. Outre Highwave et Lucent, des plans de réduction d'effectifs sont déjà annoncés ou programmés à la Sagem, chez Alcatel Optronique ou encore chez Kéopsys ou Twinbay.

C'est la fin du mirage pour toutes ces entreprises, créées il y a trois ou quatre ans, mais c'est d'abord une catastrophe sociale pour des centaines de salariés et leurs familles.

La plupart de ces entreprises installées à Lannion, travaillant à la recherche et à la fabrication de composants optiques pour les réseaux à haut débit de télécommunication, ont été fondées par d'anciens chercheurs travaillant au Cnet (Centre national d'études et de télécommunications) de France Télécom. La semi privatisation de France Télécom a poussé à sortir vers l'extérieur des activités jugées périphériques et surtout rentables. C'est ainsi que sont apparues plusieurs de ces entreprises, par ailleurs largement subventionnées par les fonds publics.

Highwave est sans doute la plus symbolique de toutes. Créée par deux anciens chercheurs du Cnet en 1998, elle a rapidement été cotée en Bourse. Travaillant dans la fibre optique, elle est devenue sous-traitante du géant britannique Marconi. Le magazine Capital estimait qu'elle était, deux ans après sa création, créditée d'un patrimoine de 2,5 milliards de francs, soit la deuxième fortune de Bretagne.

Au cours de l'année 2000, plus de 500 salariés ont été recrutés. C'est l'argent public qui a été utilisé pour financer la formation accélérée du personnel dont ces entreprises avaient besoin. En quelques semaines, une ouvrière en câblage pour fibres optiques était apte à produire.

Tout ce mécanisme s'est grippé au début de cette année. Les commandes se sont ralenties et une partie du personnel de production a été mise en chômage partiel, avant l'annonce de licenciements.

Déjà fortement touchée par les restructurations et les licenciements chez Alcatel dans les années 1980, la population doit de nouveau faire face à cette crise et aux centaines de licenciements annoncés.

Les pouvoirs publics qui ont allongé par millions les subventions en tout genre aux patrons de ces entreprises et les politiciens locaux qui ont voté ces subventions sont curieusement absents depuis l'annonce des plans de licenciements. Comme les patrons de ce secteur, ils parlent de crise passagère qui permettra de mieux "rebondir", car les nouvelles technologies sont "un créneau porteur". Pour les actionnaires, sans aucun doute, mais pas pour les salariés qui en sont aujourd hui victimes.

Une prochaine manifestation sera organisée à Lannion à la mi-septembre. C'est l'interdiction des licenciements qui devrait être à l'ordre du jour, car il n'y a aucune raison que les travailleurs perdent leur emploi et leur revenu tandis qu'une poignée d'actionnaires conservent leur fortune, bâtie sur le dos de celles et ceux qu'ils s'apprêtent à jeter à la rue.

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