Bata - Moussey(57) : L'annonce imminente de 500 à 600 licenciements31/08/20012001Journal/medias/journalnumero/images/2001/08/une-1728.gif.445x577_q85_box-0%2C13%2C166%2C228_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

Bata - Moussey(57) : L'annonce imminente de 500 à 600 licenciements

Depuis le dépôt de bilan par Bata, l'usine (875 salariés) est placée sous administration judiciaire. Aucun repreneur ne s'est manifesté pour l'ensemble de l'usine. Il existe seulement deux projets concurrents de reprise partielle, émanant de deux directeurs actuels. Les administrateurs judiciaires devront choisir lequel ils retiennent, ce qui sera annoncé lors d'un CE qui doit se dérouler mi-septembre. Au mieux, 300 emplois seraient sauvegardés (et pour combien de temps ?) mais si aucun des projets n'est retenu, ce sera la liquidation judiciaire de l'entreprise.

Mi-juillet, juste avant les départs en congés, les administrateurs avaient demandé aux travailleurs de libérer le dépôt où sont stockées les chaussures alimentant l'ensemble des magasins Bata. C'était, prétendaient-ils, pour préserver les chances de reprise de l'activité. L'intersyndicale (CFDT-CGT-CGC) avait relayé cette demande. Les congés ont donc été mis à profit par la direction pour vider le dépôt qui a été déplacé dans la banlieue de Lille et maintenant, Bata annonce qu'il ne veut plus utiliser le centre de Moussey pour le stockage et la distribution. Du coup, les 60 employés du dépôt se retrouvent sans travail, avec un avenir des plus incertain. Tout cela était prévisible et c'est pourquoi plus du tiers des travailleurs avaient voté contre la levée du blocage (213 sur 595). Mais l'intersyndicale, loin de faire le choix de s'appuyer sur cette forte minorité combative, avait, dans un communiqué publié par la presse régionale, félicité "les salariés (qui) ont montré leur sens des responsabilités en votant la levée du blocage du dépôt".

Une région sinistrée

Depuis le retour des congés le 20 août, c'est le montant des primes de licenciements qui est dans toutes les discussions. Les primes conventionnelles sont dérisoires, à peine 45 000 F pour 30 ans d'ancienneté. Alors se discute la revendication de 10 000 F d'indemnités par année de présence, avec un minimum pour ceux qui ont peu d'ancienneté.

Avec une moyenne d'âge de 42 ans, l'espoir de retrouver rapidement du travail est bien aléatoire. D'autant que Bata est le seul employeur du canton de Réchicourt, pas seulement parce que c'est un canton rural, mais aussi parce que, depuis les années 1930, la famille Bata a pesé de tout son poids pour qu'aucun autre employeur ne s'installe dans le secteur, le monopole de l'emploi lui permettant de verser des salaires extrêmement bas.

Les licenciements qui s'annoncent sont donc une catastrophe pour la région de Sarrebourg et de Lunéville dont l'usine Bata est équidistante. Surtout que vient d'être annoncée la fermeture de l'usine Flextronics de Lunéville qui emploie 260 salariés : le groupe a décidé de rapatrier la production dans l'usine de Laval qu'il vient de racheter à Alcatel. Depuis cinq semaines, les travailleurs de Flextronics sont mobilisés et campent jour et nuit devant leur usine. Ils revendiquent 100 000 F d'indemnités de licenciements (l'usine n'est installée que depuis quatre ans). Comme dans le cas de Bata, il ne s'agit pas d'une petite entreprise en proie à des difficultés mais d'une grosse multinationale qui pour faire davantage de profits se réorganise en n'ayant cure de ruiner familles, villages et régions.

Ceux de Flextronics continuent de se battre, et si, chez Bata, les chaînes tournent actuellement presque normalement, l'évolution de la situation pourrait bien remettre aussi dans la lutte les travailleurs de Moussey.

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