Baisse des impôts, prime pour l'emploi... Des cadeaux, mais toujours aux mêmes31/08/20012001Journal/medias/journalnumero/images/2001/08/une-1728.gif.445x577_q85_box-0%2C13%2C166%2C228_crop_detail.jpg

Leur société

Baisse des impôts, prime pour l'emploi... Des cadeaux, mais toujours aux mêmes

A l'approche des élections, le gouvernement cherche à justifier sa politique fiscale, et surtout à faire croire qu'il distribue de façon égalitaire ses bienfaits à toutes les couches sociales. C'est à cet exercice que s'est livré le ministre de l'économie Fabius dans une tribune publiée dans Le Monde.

Quand il détaille les mesures fiscales prises en faveur de plus riches, il est très convaincant. Rabâchant le vieux discours sur les malheureuses entreprises écrasées par le poids de l'impôt, il rappelle qu'à l'avenir, "les petites entreprises bénéficieront d'un taux réduit d'impôt sur les sociétés". Et de répéter qu'il faut faire plus, c'est-à-dire augmenter encore les subventions, pour attirer en France les patrons étrangers, - pardon, les créateurs de richesses.

Par ailleurs, Fabius se félicite que sur les avis d'imposition reçus cet été par les contribuables figure de façon claire le montant de la baisse de l'impôt. En outre, on y trouve pour la première fois la mention de "votre taux d'imposition".

Il s'agit en fait de préciser aux plus aisés et aux nantis que, même s'ils sont dans les tranches où ils jugent qu'une partie de leurs revenus est fortement imposée, ils ne versent en fait que 15 à 20 % de leurs revenus à l'Etat. Touchante attention que de vouloir ainsi rassurer ces pauvres "classes moyennes"... De toute façon, c'est au quart le plus riche de la population qu'ira plus de la moitié (79 milliards sur 140) du plan d'allégement d'impôts prévu sur trois ans par Fabius.

Lorsque Fabius essaie de démontrer que les travailleurs bénéficient tout autant que les riches de sa politique fiscale, il est nettement moins convaincant. "Les baisses d'impôts sont ciblées sur les couches de la population les plus fragiles", prétend-il. Sauf que plus on a besoin d'argent, moins on en aura. Ainsi le journal Libération a-t-il calculé qu'un salarié seul gagnant 6 102 francs par mois touchera, en prime d'impôt, 388 francs ; alors qu'un salarié, seul aussi, mais gagnant 17 670 francs mensuels bénéficie d'une réduction d'impôts de 2 230 francs.

Et quand Fabius déclare que "tous les ménages bénéficieront des baisses d'impôts, même ceux qui n'acquittent aucun impôt", c'est une contrevérité. Il fait mine d'oublier qu'une partie de la population, "la plus fragile" justement, les Rmistes, pensionnés, chômeurs, retraités, ceux qui vivent des allocations de solidarité ou qui travaillent à temps partiel, ne font pas partie de ceux qui toucheront cette fameuse prime pour l'emploi.

Le gouvernement, malgré ses effets d'annonce, soigne d'abord les patrons... et la petite bourgeoisie aisée, celle qui se plaint en permanence de payer trop d'impôts, et dont Fabius et ses compères voudraient bien récupérer les voix en 2002.

Partager