Réouverture du tunnel sous le Mont-Blanc : La priorité est donnée aux intérêts capitalistes24/08/20012001Journal/medias/journalnumero/images/2001/08/une-1727.gif.445x577_q85_box-0%2C13%2C166%2C228_crop_detail.jpg

Leur société

Réouverture du tunnel sous le Mont-Blanc : La priorité est donnée aux intérêts capitalistes

Alors qu'un tribunal avait déclaré par avance illégal le référendum organisé par les maires de Chamonix et de deux autres communes voisines, 53 % des électeurs se sont déplacés. Ils se sont prononcés à la quasi-totalité contre la réouverture aux camions du tunnel du Mont-Blanc, prévue prochainement pour relier à nouveau la vallée de Chamonix à l'Italie.

Illégale ou pas, la consultation a donc permis de mesurer le mécontentement et de faire en sorte que l'opposition de la population à la réouverture du trafic des camions à travers le tunnel du Mont-Blanc soit largement connue. Même le ministre des Transports, Gayssot, qui a parlé de référendum " officieux ", n'a pas pu l'ignorer complètement. Mais de là à ce que l'avis de la population locale soit pris en compte, il y a probablement très loin.

Car le choix du transport par camions des marchandises à travers les Alpes met en jeu des intérêts financiers qui pèsent autrement plus lourd que l'opinion de la population. Les actionnaires de la société qui gère le tunnel du Mont-Blanc n'encaisseraient certainement pas les mêmes dividendes si celui-ci n'était fréquenté que par les voitures de tourisme...

Pourtant, deux ans après l'incendie de mars 1999 qui avait fait 39 morts, une association dénonce le fait que les travaux de rénovation du tunnel aient été lancés sans étude d'impact sur l'environnement et sans consultation de la population. Le ministère des Transports a beau affirmer que " tout ce qu'il est possible de faire en matière de sécurité a été fait ", certains élus locaux s'inquiètent toujours de la sécurité sous le tunnel : sorties de secours minuscules, voies trop étroites, système d'évacuation des fumées aléatoire. Et puis, le transit international qui fait traverser quotidiennement la vallée de Chamonix par de véritables trains de poids lourds (on parle de 500 camions soit 21 camions à l'heure, jour et nuit) signifie des nuisances pour les riverains et une pollution permanentes, refusées par une grande partie des habitants. Mais si le résultat du référendum sur le quinquennat auquel, en septembre 2000, seulement 30 % des électeurs avaient participé a bien été pris en considération, celui qui vient d'avoir lieu, sur un problème autrement plus important pour tous, a été d'emblée déclaré illégal, c'est-à-dire nul et non avenu. Cela augure quand même bien mal de la façon dont le gouvernement en tiendra compte.

Depuis des années, on parle de la construction d'un tunnel ferroviaire à travers les Alpes qui permettrait le transport des marchandises par train, ce qui serait plus adapté aux besoins de tous, moins polluant et offrirait plus de sécurité. De ce "ferroutage", le ministre Gayssot reconnaît publiquement l'efficacité et la nécessité, tout en expliquant qu'il ne faudra pas y compter avant dix, voire quinze ans... voire jamais ? Pourtant, construire une telle ligne ne relève pas d'un exploit comparable aux lignes TGV. En tout cas, près de cinq ans au gouvernement n'auront servi à rien pour concrétiser cette solution, vantée par le ministère des Transports comme par le nouveau ministre Vert de l'Environnement...

Visiblement, l'urgence a été et reste ailleurs : que la société du tunnel du Mont-Blanc puisse à nouveau engranger des profits après les pertes entraînées par la fermeture du tunnel depuis la catastrophe d'il y a deux ans.

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