Hold-up à la Caisse d'Épargne de Cergy (95) : La sécurité n'a pas de prix, mais elle a un coût (proverbe patronal)24/08/20012001Journal/medias/journalnumero/images/2001/08/une-1727.gif.445x577_q85_box-0%2C13%2C166%2C228_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

Hold-up à la Caisse d'Épargne de Cergy (95) : La sécurité n'a pas de prix, mais elle a un coût (proverbe patronal)

Le hold-up meurtrier qui a eu lieu dans une agence de la Caisse d'Epargne de Cergy, dans le Val-d'Oise, le 11 août, dégage un constat accablant : si les fonds sont de mieux en mieux protégés, les salariés des Caisses le sont de moins en moins.

Des agressions toujours plus nombreuses et plus violentes

On assiste depuis ces deux dernières années à une véritable explosion du nombre d'agressions contre les établissements financiers en général. A la Caisse d'épargne de Paris qui regroupe également la proche banlieue et la totalité de la Seine-et-Marne (300 agences, 3 000 salariés), par exemple, on dénombre plus d'une cinquantaine de hold-up depuis le début de l'année, soit une moyenne d'un tous les trois jours, quelquefois deux dans la même journée.

Il y a de plus en plus de morts du côté des convoyeurs de fonds, ce qui n'est malheureusement pas nouveau, mais aussi du côté des salariés des banques, des Caisses d'Epargne, voire des vigiles chargés de surveiller les agences. En janvier dernier, un jeune collègue de la Caisse de Saint- Etienne a trouvé la mort dans un hold-up qui, lui aussi, avait mal tourné.

Bien que la Caisse d'Epargne ait elle-même contribué à organiser les rassemblements, sans doute pour se donner bonne conscience, l'affluence constatée lors de la marche silencieuse organisée le 16 août en hommage aux victimes de Cergy témoigne de l'inquiétude des salariés. Plus de mille personnes se sont rassemblées dans un défilé qui est allé du siège de la Caisse de Cergy à son agence du centre commercial des 3-Fontaines, où a eu lieu le drame. Plusieurs dizaines d'employés des caisses de la région, dont celle de Paris, étaient également présents, traduisant bien le malaise profond qui gagne l'ensemble du réseau des Caisses d'Epargne (trente caisses, 30 000 salariés sur tout le territoire).

Que s'est-il passé à Cergy ?

Le 11 août, entre 8 h 50 et 10 h 40, heure à laquelle un client s'est plaint au siège de la caisse de Cergy que son agence restait anormalement fermée, l'alerte aurait été donnée à quatre reprises à un centre privé de télésurveillance, la société ADT, chargé de la sécurité de la Caisse d'Epargne, sans résultat apparent. Une première alerte aurait été déclenchée manuellement par un employé de l'agence, les trois autres automatiquement à l'ouverture des trois coffres exigée par le malfaiteur.

Ces alertes dites " silencieuses " passent inaperçues du public. Elles sont seulement destinées à permettre au télésurveilleur d'écouter ce qui se passe puis d'alerter son client, la banque ou la Caisse d'Epargne, que quelque chose d'anormal se passe dans une de ses agences.

C'est ce qui se serait produit à quatre reprises, d'après la société ADT, mais accompagné, paraît-il d'un rassurant " RAS " (rien à signaler), qui aurait justifié l'inertie du service de sécurité interne de la caisse.

Qui est responsable ? L'enquête en cours le dira peut-être. Mais en tout cas, ce qui est sûr, c'est que le système complexe mis en oeuvre par la Caisse d'Epargne n'a pas fonctionné.

En fait, son souci numéro un est de défendre " l'argent ". Ainsi des systèmes de " temporisation " à l'ouverture des coffres ont été mis en place, empêchant ceux-ci en cas de hold-up de s'ouvrir (après une action manuelle) pendant une durée variable pouvant aller de 15 à 45 minutes avec, pendant ce temps interminable, des employés et des clients en joue, rendant les dérapages possibles à tout moment. L'argent est peut-être ainsi mieux protégé, mais pas les salariés et les clients qui se trouvent pris dans un hold-up.

Pire même, puisqu'au lieu d'équiper tous les sas d'entrée des établissements bancaires de détecteurs d'armes, un projet de suppression de ces sas est à l'étude avec cette idée que si l'argent est encore mieux protégé, on pourrait supprimer les sas. Tant pis si les éventuels gangsters sont ainsi de plein pied avec les employés et les clients.

Pour faire des économies, y compris sur les problèmes de sécurité, la Caisse d'Epargne comme tous les établissements bancaires, n'hésite pas à recourir de façon massive à la sous-traitance avec ce que cela signifie en matière de sécurité comme de transport de fonds (des smicards transportent des milliards). C'est ainsi qu'à Cergy, par exemple, l'alerte déclenchée de l'agence avertissait une société sous-traitante, laquelle devait à nouveau retransmettre aux services centraux de sécurité de la Caisse.

Plusieurs salariés de la Caisse d'Epargne viennent d'être tués dans l'exercice de leur travail. Alors, les petits soucis d'économie de la Caisse d'Epargne ne peuvent pas être la préoccupation des salariés, qui veulent simplement travailler pour gagner leur vie et ne pas risquer de la perdre en travaillant.

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