AOM-Air Liberté : Le vrai visage d'un prétendu " plan social "24/08/20012001Journal/medias/journalnumero/images/2001/08/une-1727.gif.445x577_q85_box-0%2C13%2C166%2C228_crop_detail.jpg

Editorial

AOM-Air Liberté : Le vrai visage d'un prétendu " plan social "

Plus le temps passe, plus le " plan de sauvetage " du groupe AOM-Air Liberté se révèle être ce qu'il est : un plan destiné à jeter à la rue, en faisant le moins de vagues possibles, des centaines de salariés de cette société.

La presse, le gouvernement, les syndicats de l'entreprise, nous avaient affirmé qu'on avait trouvé un bon repreneur, dont le porte-parole était un militant syndicaliste. L'entreprise allait être sauvée.

L'entreprise peut-être. Mais jusqu'à quand ? Quant au personnel, malgré l'embauche d'un certain nombre de stewards et d'hôtesses de l'air par Air France, malgré les départs volontaires, ils seront plusieurs centaines à recevoir prochainement leur lettre de licenciement.

Cet accord qu'on nous présentait comme miraculeux n'aura profité qu'aux actionnaires, puisqu'en échange d'une modeste contribution du groupe Swissair, et sans que le baron Seillière ait eu lui à mettre la main à la poche, les uns et les autres se sont vu garantir que quoi qu'il arrive dans l'avenir, leur responsabilité ne serait pas engagée.

Quant aux reclassements au sein d'Air France, que l'on nous présente aujourd'hui comme le remède miracle, ils ne permettront pas aux salariés ainsi réembauchés de retrouver leur salaire antérieur. En outre, qu'est-ce qui garantit que dans six mois, ou dans un an, ils ne seront pas de nouveau licenciés ? Enfin, il faut se souvenir qu'il n'y a pas si longtemps on nous présentait l'existence du groupe AOM-Air Liberté comme le moyen d'en finir avec le monopole d'Air France. C'était, nous avait-on dit, pour le plus grand bénéfice des usagers. La réalité est qu'il s'agissait de permettre à de grands groupes capitalistes privés de faire des profits dans le domaine du transport aérien. Et comme les résultats n'ont pas été au niveau de leurs espérances, ils ont préféré mettre la clef sous la porte, en se moquant éperdument de ce que cela signifiait pour les salariés qui allaient se retrouver au chômage.

Quand le jeune Parti socialiste luttait pour défendre les intérêts du monde du travail, il reprochait aux patrons de fermer leurs usines, quand ils y trouvaient leur compte, en y attachant aussi peu d'importance " qu'un bourgeois qui ferme sa tabatière ". Le patronat n'a pas changé. Ce sont les dirigeants socialistes qui ont changé, en considérant ce genre de comportement comme normal.

Bien sûr, les salariés d'AOM-Air Liberté, en particulier les pilotes, n'appartenaient pas à la fraction la plus exploitée de la classe ouvrière. Mais l'ensemble des travailleurs ne peuvent qu'en être solidaires, car ce qu'ils vivent aujourd'hui, c'est ce que vivent dans tout le pays, des milliers d'entre eux. C'est ce qui nous menace tous.

Les salariés qui se battent le dos au mur, face à la menace de fermeture de leur entreprise, n'ont pas vraiment le choix. Et nul ne peut leur reprocher d'accepter des plans sociaux qui leur sont présentés comme la meilleure solution possible non seulement par les patrons, mais aussi par nos gouvernants qui se disent de gauche, et par des syndicalistes qui se veulent des " gestionnaires " de la société capitaliste et qui ont oublié ce qu'est la lutte de classe. Alors tout ce que ce patronat et ces hommes politiques responsables de cette situation méritent, c'est une riposte de l'ensemble de la classe ouvrière.

C'est cette riposte qu'il nous faut préparer. C'est à cette tâche que tous les militants de la classe ouvrière, quelle que soit leur couleur politique, quelle que soit leur appartenance syndicale, doivent consacrer leurs efforts, s'ils ne veulent pas que dans une société de plus en plus riche, un nombre croissant de travailleurs ne deviennent de plus en plus pauvres, de plus en plus réduits à des emplois précaires, soumis à des horaires, à des conditions de travail, indignes du xxie siècle.

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