Israël - Palestine : Provocations de l'extrême droite et complaisance du gouvernement Sharon03/08/20012001Journal/medias/journalnumero/images/2001/08/une-1725.gif.445x577_q85_box-0%2C13%2C166%2C228_crop_detail.jpg

Dans le monde

Israël - Palestine : Provocations de l'extrême droite et complaisance du gouvernement Sharon

Huit Palestiniens, dont deux enfants, ont été tués le 31 juillet, lors du bombardement d'un immeuble de Naplouse par des chars israëliens. C'est l'une des opérations les plus meurtrières menées par l'armée israëlienne depuis le début de l'Intifada. Ce raid a fait monter la tension d'un cran, d'autant qu'il intervient après d'autres provocations. Ainsi dimanche 29 juillet, à Jérusalem, une manifestation palestinienne a été violemment réprimée par la police israélienne. Parmi les manifestants, il y a eu 25 blessés, dont un grave et 30 arrestations. Cette manifestation répondait à une cérémonie organisée au même moment par des extrémistes religieux israéliens, les Fidèles du mont du Temple, pour poser, à quelques centaines de mètres de l'esplanade des Mosquées, la première pierre d'un temple juif détruit... par les Romains en l'an 70. Cette cérémonie a été prise pour ce qu'elle était par les manifestants palestiniens, c'est-à-dire une provocation.

Déjà, la visite sur l'esplanade des Mosquées de l'actuel Premier ministre israélien Sharon, alors chef de l'opposition de droite, fin septembre 2000, avait servi de détonateur à la nouvelle Intifada, cette révolte des jeunes Palestiniens qui affrontent avec des pierres l'équipement moderne de l'armée israélienne. Le Premier ministre travailliste de l'époque, Barak, s'était rendu complice de la provocation de Sharon en autorisant sa visite. La cérémonie du dimanche 29 juillet a elle aussi été autorisée par les plus hauts sommets de l'appareil d'Etat israélien puisque la Cour suprême avait accepté sa tenue. La police avait été mobilisée pour protéger les quelques dizaines de militants juifs intégristes qui y participaient et, quand des pierres et des bouteilles ont commencé à tomber sur ces derniers, les policiers s'en sont pris aux manifestants palestiniens à coups de bâton et de crosse.

Ces événements ont lieu alors que des groupes d'extrême droite israéliens multiplient les agressions contre des Palestiniens. Le jeudi 19 juillet, par exemple, la voiture d'une famille palestinienne d'Hébron, revenant d'un mariage, a été la cible de tirs tuant trois occupants de la voiture, dont un nourrisson de trois mois, et blessant les quatre autres. Cet assassinat a été revendiqué par un groupe qui se fait appeler " Comité pour la sécurité des routes " et compterait des colons d'extrême droite.

Cet assassinat a provoqué une indignation dans une partie de la population juive d'Israël, mais les autorités israéliennes, elles, n'ont exprimé que des regrets de pure forme. Le président israélien, Moshe Katzav, n'a rien trouvé de mieux à dire que " personne ne doit se faire justice soi-même ". Pourtant les gouvernements israéliens successifs portent une grande part de responsabilité dans ces agissements. En effet, la politique ininterrompue de colonisation, le soutien intangible aux colons encouragent de telles attaques.

Ces attentats ne peuvent qu'exaspérer la colère des Palestiniens, victimes de brimades de toutes sortes, de répressions violentes et parfois sanglantes, de l'accroissement de la misère. Ils risquent de jeter ceux qui n'y sont pas encore dans les bras des organisations palestiniennes les plus réactionnaires, les plus antijuives. C'est le but de ces groupes d'extrême droite israéliens de creuser un fossé de sang entre les communautés. Et le gouvernement Sharon se sert de cette situation pour justifier, auprès de sa population, la poursuite de la guerre.

Le G8, réuni à Gênes, a entériné, le 21 juillet, l'idée d'une mission de surveillance au Proche-Orient qui aurait pour but de garantir la cessation des violences en Israël et en Palestine, en y installant des observateurs de l'ONU. Yasser Arafat, le dirigeant de l'Autorité palestinienne, s'est immédiatement félicité de cette initiative. Mais, outre que cette mission n'est pas près de voir le jour puisque les dirigeants israéliens y sont hostiles, les Palestiniens ne peuvent pas compter sur les grandes puissances et en particulier sur la première d'entre elles, les Etats-Unis, dont Israël est l'allié dans la région. La seule force qui peut contraindre le gouvernement israélien à faire des concessions, c'est la population palestinienne elle- même, sa mobilisation, sa révolte. Les combats quotidiens avec l'armée ou la police israéliennes montrent qu'après dix mois d'affrontements et plus de 500 morts, elle n'a perdu ni sa détermination ni son courage.

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