Fermeture des voies sur berges à Paris : Une décision peu soucieuse du public populaire03/08/20012001Journal/medias/journalnumero/images/2001/08/une-1725.gif.445x577_q85_box-0%2C13%2C166%2C228_crop_detail.jpg

Leur société

Fermeture des voies sur berges à Paris : Une décision peu soucieuse du public populaire

Pour ceux qui sont contraints d'utiliser leur voiture pour se rendre sur leur lieu de travail, la période estivale présentait, à Paris, un petit avantage jusqu'à l'année dernière : la circulation était moins dense et la durée des trajets en était sérieusement réduite. Le tollé consécutif à la décision prise par la nouvelle équipe municipale de fermer les voies sur berges de la rive droite à la circulation automobile du 14 juillet au 15 août est quelque peu retombé, mais les problèmes demeurent : les automobilistes se retrouvent dans des embouteillages semblables, sinon pires, à ceux qu'ils rencontrent le reste de l'année dans le centre de Paris, mais aussi avec les inévitables répercussions sur les trajets avec la banlieue.

Celui qui se vante d'avoir eu cette idée, c'est Denis Baupin, l'adjoint Vert à la circulation du nouveau maire socialiste de Paris, Bertrand Delanoë. Pour lui, il ne s'agit pas seulement de permettre aux rollers, aux cyclistes et aux piétons de profiter des bords de Seine, c'est une décision qui doit " frapper les esprits ", " c'est la première fois qu'on ose s'attaquer aux partisans du tout voiture ", c'est une question de " réappropriation de l'espace public ". Ce qui est sûr, c'est que Denis Baupin n'est pas avare de grands mots démagogiques à propos d'une mesure qui a le double avantage de ne rien coûter et de plaire à une partie au moins de l'électorat écolo-socialiste de la capitale.

Les élus de la majorité parisienne discutent, d'ailleurs, de maintenir la mesure au-delà du 15 août, en fermant les voies sur berges trois jours par semaine : par exemple, le mercredi, le samedi et le dimanche.

Mais Paris n'est pas seulement un lieu de promenade, des millions de Franciliens y circulent quotidiennement pour aller travailler. Au point qu'une élue Verte au Conseil régional d'Ile-de-France, dans une lettre adressée à Denis Baupin, lui a reproché de ne pas mesurer les conséquences de ce genre de décision sur le temps de trajet des banlieusards, faisant naître " un concept nouveau : celui du vert-caviar ". Elle jugeait cette mesure " un exemple d'écologie partielle, parcellaire et partiale ".

On ne peut mieux définir la politique menée par les élus parisiens en ce qui concerne le problème des transports dans la région parisienne. Alors que celle-ci est au bord de l'engorgement, que la pollution pose des problèmes, pas plus que la droite l'équipe actuelle n'envisage un plan d'ensemble pour développer un réseau de transports en commun rapides, fréquents, confortables et bon marché. A la place, on a droit à des semblants de mesures, qui ne reviennent qu'à léser les uns pour en favoriser d'autres (comme par hasard, le plus souvent les déjà favorisés) et ne résolvent absolument pas le problème global. Le plus clair, cependant, c'est qu'il ne reste plus qu'à culpabiliser la majorité populaire qui n'a souvent pas d'autre choix que de prendre sa voiture, ou à lui rendre la vie impossible.

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