Alcatel : 20 000 suppressions d'emplois, c'est 20 000 de trop !03/08/20012001Journal/medias/journalnumero/images/2001/08/une-1725.gif.445x577_q85_box-0%2C13%2C166%2C228_crop_detail.jpg

Leur société

Alcatel : 20 000 suppressions d'emplois, c'est 20 000 de trop !

Après les 5 300 suppressions de postes déjà prévues depuis le début de l'année, Alcatel a annoncé le 26 juillet une nouvelle charrette qui porte le total pour 2001 à 20 000 postes, sur les 110 000 salariés qu'emploie le groupe à l'échelle mondiale. La nouvelle sera une catastrophe pour des milliers de travailleurs menacés d'être ainsi jetés à la rue d'un trait de plume. Mais il faut croire que pour les boursiers c'est une bonne nouvelle puisque le prix de l'action Alcatel est monté de 4,7 % dès le lendemain, puis de 6,8 % le jour suivant, preuve que pour l'instant en tout cas, les opérateurs anticipent une augmentation des profits.

Il faut dire néanmoins que le PDG du groupe, Serge Tchuruk, avait préparé le terrain pour que le groupe tire le meilleur parti de cet effet d'annonce. D'autant qu'il avait fait parler de lui en 1998 quand, ayant annoncé à la presse des résultats financiers pas tout à fait aussi bons qu'il le souhaitait, le cours de l'action Alcatel avait perdu aussitôt 40 % de sa valeur - même si, en quelques mois, elle était revenue à son cours précédent.

Alors, cette fois-ci il a d'abord expliqué, fin juin, qu'il allait vendre la plus grande partie des usines du groupe (50 au total) pour ne garder que la maîtrise du capital, des technologies et les secteurs les plus rentables. Une " entreprise sans usine ", avait-il expliqué en parlant de ses plans pour l'avenir. Un mois après, il annonce à la fois un déficit pour le deuxième trimestre 2001 et 14 000 suppressions d'emplois en plus pour l'année. Moyennant quoi, l'annonce a été " bien prise par les marchés ", comme dit la presse spécialisée.

D'autant mieux prise d'ailleurs que le déficit annoncé - 2,9 milliards d'euros - est en grande partie constitué par des provisions destinées à financer le plan de suppressions d'emplois. Sans ces provisions, Alcatel est bénéficiaire de plus de 200 millions d'euros. D'ailleurs le prétendu déficit ne porte que sur un trimestre, celui de l'annonce des licenciements, et le PDG d'Alcatel prévoit que l'année 2001 sera bénéficiaire, ce qui ne l'empêche d'ailleurs pas de se refuser à exclure de nouvelles mesures de suppressions d'emplois d'ici la fin de l'année !

Autant dire qu'Alcatel n'est pas à plaindre, surtout quand on se souvient qu'il y a très peu de temps encore, le groupe était en négociation avec le trust américain Lucent dont il comptait acquérir une part pour la bagatelle de plus de trois milliards d'euros. Que Tchuruk veuille une " entreprise sans usine ", c'est son affaire, mais ce n'est pas aux travailleurs de faire les frais de ses fantasmes. Hier c'était 5 300 emplois, aujourd'hui 20 000 et demain ce sera quoi ? Il faut imposer l'interdiction des licenciements dans les entreprises qui, comme le géant Alcatel, font des profits.

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