Session de juillet du Parlement européen de Strasbourg : Les gros sabots (écologistes) des députés européens13/07/20012001Journal/medias/journalnumero/images/2001/07/une-1722.gif.445x577_q85_box-0%2C13%2C166%2C228_crop_detail.jpg

Leur société

Session de juillet du Parlement européen de Strasbourg : Les gros sabots (écologistes) des députés européens

La présidence suédoise de l'Union européenne vient de prendre fin (les membres de l'Union européenne présidant celle-ci à tour de rôle tous les six mois), leParlement européen s'est, comme d'habitude à la quasi unanimité, félicité des progrès accomplis par la construction européenne sous cette présidence.

Ainsi, le récent sommet européen de Göteborg (en Suède) se serait inscrit dans une perspective "de développement durable", selon une expression lancée par les Verts et reprise par nombre de partis."Il faut une bonne dose de cynisme, ont dit les députées européennes de Lutte Ouvrière, pour parler de "stratégie de développement durable" alors que la majorité des habitants de la planète n'a pas accès au nécessaire en matière de nourriture, de logement, de soins ou d'éducation".

S'abriter derrière des déclarations écologistes est à la mode chez les politiciens. Et cela se voit au Parlement européen où il n'est guère de rapport, de projet ou de résolution qui n'y ait recours. La navigation de plaisance serait ainsi une activité quasi écologique. Mais c'est d'abord parce qu'il s'agit d'une "industrie fort prospère en Europe" qu'un rapport traité lors de cette session se garda d'imposer aux navigateurs et surtout aux constructeurs des normes antipollution trop contraignantes.

Le même constat vaut pour d'autres domaines où les enjeux financiers sont plus importants. Ainsi, à propos "d'aménagement intégré des zones cotières", un rapport mis aux votes a réussi le tour de force de parler des menaces sur ces régions et leurs populations humaines ou animales, du fait du réchauffement climatique et de l'urbanisation, sans dire grand-chose des populations du Tiers Monde vivant dans des zones inondables, et sans rien dire de catastrophes récentes comme celles de l'Erika ou du Ievoli Sun... ce qui aurait risqué de rappeler que les trusts, pétroliers ou autres, "se moquent de l'écologie et des peuples comme du premier milliard qu'ils leur ont volé", comme l'ont affirmé les élues de Lutte Ouvrière.

Les considérations écologiques ont encore beaucoup servi à propos d'une recommandation relative à la "promotion de l'électricité produite à partir de sources d'énergie renouvelables". Hasard de l'actualité, ce discours a beaucoup servi, outre-Atlantique (on parlait alors de sources d'énergie "alternatives") lors de la dérégulation des systèmes de distribution de l'électricité qui a engendré la crise et la gabegie que l'on sait en Californie.

Mais, des deux côtés de l'Atlantique, de telles considérations ont bien du mal à masquer l'avidité des trusts. Et le rapport sur les sources d'énergie renouvelables ne le cachait même pas, ne cessant pas de parler de la sécurité des investissements et des investisseurs, bref, d'aides financières en tout genre qu'utilisateurs et contribuables européens devraient fournir aux capitalistes de l'énergie.

Les droits de l'homme et le "réalisme" des Verts

Lors de cette session, deux rapports avaient trait aux droits de l'Homme en Europe et dans le monde.

Le premier, présenté par un rapporteur Vert, traitait, entre autres, de la situation en Turquie. Alors que des détenus politiques continuent d'y mourir en faisant la grève de la faim pour obtenir quelques droits, la partie du texte consacrée à la Turquie n'y faisait aucune allusion. Mais, les quelques critiques de la dictature turque qu'il comportait étaient encore trop nombreuses au goût des députés européens Verts, car ils ont présenté un amendement supprimant la moitié de ce chapitre, en particulier là où il était question d'"insister pour que (l'Etat turc) mette fin à la torture" ou du "retour en toute sécurité (chez eux) de plus de 500000 villageois kurdes expulsés" par l'armée d'Ankara.

Daniel Cohn-Bendit, qui dirigeait la liste Verte à l'élection européenne en France, a depuis rappelé à maintes occasions combien lui et son mouvement savent être respectueux de l'ordre établi. Il en a été récompensé: il préside la délégation du Parlement européen auprès... de la Turquie.

Le Parlement européen à l'attaque contre les retraites

Un rapport sur les retraites du député européen de droite Karas a été adopté à une majorité écrasante. Il s'agissait de déblayer encore plus le terrain aux formes de retraite par capitalisation (pour ceux qui ont les moyens d'en souscrire), et donc aux requins de l'assurance et de la finance.

Les députées européennes de Lutte Ouvrière ont voté contre ce rapport. Dans son intervention, Armonie Bordes s'est élevée contre l'argumentaire pseudo-démographique qui sert "de justification pour diminuer le montant des retraites et allonger la durée du travail". Elle a rappelé que, "étant donné l'accroissement de la productivité de chaque travailleur, le même nombre d'actifs produit largement assez non seulement pour rendre possible la croissance de leur niveau de vie, mais pour assurer une retraite convenable à trois ou quatre fois plus de retraités qu'il y a un quart de siècle. Si cet accroissement de la production n'était pas intégralement détourné en profits pour une minorité de privilégiés, la société pourrait assurer le versement d'un salaire complet à tous les retraités, a-t-elle affirmé avant de conclure: L'incapacité d'assurer aux anciens une vieillesse dépourvue de soucis matériels est une des expressions les plus frappantes d'une organisation sociale décadente".

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