Chantier Challancin (ligne C du RER) : La victoire des nettoyeurs13/07/20012001Journal/medias/journalnumero/images/2001/07/une-1722.gif.445x577_q85_box-0%2C13%2C166%2C228_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

Chantier Challancin (ligne C du RER) : La victoire des nettoyeurs

Au bout de 38 jours de grève, Challancin a cédé. Les grévistes ont participé en direct, grâce à un téléphone et à un haut-parleur, à toute la négociation pour le protocole de fin de conflit, menée dans les bureaux occupés de la direction régionale SNCF, à Montparnasse, par le comité de grève.

Avant d'en arriver là, il a fallu que les grévistes interpellent quotidiennement la direction de la SNCF. Celle-ci restait passive en apparence mais continuait de payer Challancin, pendant la grève, utilisant en cela une partie des subventions du Conseil régional d'Ile-de-France, et ce malgré la dénonciation par les grévistes d'abord puis par l'inspectiondu Travail,par constat officiel du26juin 2001, des nombreuses infractions au Code du travail de cette entreprise. Un deuxième rapport de l'inspection du Travail, du 3 juillet 2001, refusait d'autoriser le licenciement demandé par Challancin des quatre délégués et réfutait les motifs patronaux (séquestration du DRH).

C'est donc encore vers la SNCF que les grévistes se sont tournés, en occupant cette fois des locaux de la direction et en exigeant qu'elle contraigne Challancin à négocier. La direction générale fut saisie et mardi 3 juillet, vers 23h30 les grévistes obtinrent une vague promesse de décision pour le lendemain matin. Ils quittèrent les locaux, quelques minutes avant l'arrivée de trois cars de CRS venus les évacuer... Le lendemain matin, occupation à nouveau. En début d'après-midi, la colère éclata devant le mutisme de la SNCF. Les grévistes occupèrent les locaux du directeur de Région en exigeant un contact immédiat avec Challancin pour négocier. Le contact fut pris et les négociations commencèrent, par fax et téléphone, chaque gréviste pouvant entendre et intervenir à tout moment. Ces discussions se terminèrent mercredi 4 juillet vers 12 heures et un protocole fut signé l'après-midi.

"100% gagné", dernier slogan des grévistes.

Toutes les plaintes en pénal ainsi que les recours à la décision de l'inspection du Travail contre les quatre délégués, toutes les menaces de licenciement contre les grévistes, sont retirés. Douze contrats CDD sont re-qualifiés en CDI sur la base de la convention collective manutention ferroviaire, avec un taux horaire supérieur même (50,39 F) et avec effet rétroactif. La convention est aussi appliquée, rétroactivement à dater du 6 mars 2000, à tous les salariés, sur la base du même taux horaire, ce qui fait un rappel conséquent pour beaucoup. Le taux horaire de base (d'embauche) du chantier est relevé de 4 F, ce qui abolit les inégalités accumulées depuis deux ans. Des négociations vont s'ouvrir à partir du 11 juillet, sous le contrôle de l'inspection du Travail, pour rembourser les sommes dues sur les fiches de paie. Pour certains travailleurs et travailleuses, des milliers de francs sont en jeu. Le 27 juillet est fixé comme date limite des remboursements. Une prime de 4000 F de remise en état a été versée dès la reprise du travail ainsi qu'une avance sur la prime de vacances, qui permettent de couvrir des jours de grève.

Cette victoire, les grévistes la doivent à leur détermination et aussi à leur volonté de s'organiser, avec l'expérience des grèves précédentes, en s'appuyant d'abord sur leurs propres forces, en élisant parmi eux, un comité de grève constitué de travailleurs actifs, qui ont appliqué, jour comme nuit, les décisions des assemblées générales quotidiennes. Car il fallait être toujours présent face aux tentatives de nettoyage de Challancin, face aux policiers qui protégeaient ces derniers. Ce comité de grève a publié des tracts quasi quotidiens, d'information aux usagers comme aux cheminots. Grâce à son existence, les grévistes sont restés maîtres de leurs décisions et interventions, et ont arbitré entre des propositions syndicales, de la CFDT et de SUD présentes sur le chantier, voire en ont rejeté certaines. Il n'était pas question pour les grévistes, par exemple, de réclamer que la SNCF chasse Challancin sous prétexte que Challancin ne cédera jamais, comme l'avançait SUD-Rail.

D'ailleurs Challancin a cédé. La volonté de rester tous ensemble, soudés, coûte que coûte face à Challancin et à la SNCF a permis de gagner.

C'est donc une victoire, que d'autres chantiers de sous-traitance et les cheminots, remerciés pour leur soutien par les nettoyeurs, ont saluée.

La fête des grévistes est pour bientôt.

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