SNCF - Marseille : À trois heures de Paris... mais à combien d'Aix-en-Provence ?06/07/20012001Journal/medias/journalnumero/images/2001/07/une-1721.gif.445x577_q85_box-0%2C13%2C166%2C228_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

SNCF - Marseille : À trois heures de Paris... mais à combien d'Aix-en-Provence ?

La mise en place, le 28 avril, du poste d'aiguillage informatisé, le PRCI (poste tous relais à commande informatisée), et du TGV Méditerranée a donné lieu à une pagaille généralisée dans la région marseillaise. Quelques ratés sont imputables, d'après la direction, à des dégâts volontaires, mais le reste provient nettement des choix de celle-ci.

Si dans l'ensemble les TGV partent et arrivent à peu près à l'heure, ce n'est pas le cas des trains régionaux ! Les trains ont maintenant fréquemment une demi-heure, trois quarts d'heure, voire une heure de retard. Quand ils existent. Car plusieurs trains par jour sont purement et simplement supprimés, ce qui n'est indiqué qu'au tout dernier moment sur le grand panneau des départs. Si l'on a l'esprit fureteur, on pourrait en découvrir la liste sur une affiche de papier disposée dans un coin de la gare.

La gare

La gare, en travaux depuis un an, est réduite à la dalle qui fait face aux voies.

Les queues s'allongent devant les quelques malheureux guichets ouverts de l'accueil. Prendre son billet ailleurs qu'aux distributeurs exige beaucoup de patience et des jarrets juvéniles car il s'agit de tenir debout dans une queue qui serpente sur plusieurs mètres.

Si l'on ajoute à cela le bruit des compresseurs ou des marteaux-piqueurs, la chaleur ambiante et l'approche des départs en vacances, partir et revenir de son travail demande une sacrée endurance.

Les retards

Depuis le 28 avril sur la ligne Aix-Marseille, par exemple, le train qui arrive à Marseille à 7 h 40, a eu un retard moyen de 30 minutes, une fois ce fut 1 h 30 de retard. Le train n'est arrivé à l'heure qu'un seul jour ! La ligne Marseille-Aix-Briançon est encore une ligne à une seule voie et les retards y sont de toute façon chroniques, mais ils sont maintenant amplifiés.

Sur les autres lignes aussi, presque tous les trains sont en retard, aux dépens par exemple des nombreux arlésiens qui travaillent à Marseille ou à Miramas, et vice versa. Ainsi, le lundi 2 juillet, le train d'Arles qui arrive à Marseille à 17 h 34 est arrivé à 21 h 25, soit plus de quatre heures de retard. Et cela, après un transbordement à Miramas. Ce jour-là, il y avait un incendie de broussaille, vers Berre, mais c'est tous les jours que les trains sont en retard. Le mardi 26 juin, par exemple, le train du matin est parti avec 35 minutes de retard, et celui du soir avait 25 minutes de retard. Et si le train, avec le retard arrive après 21 heures, vous êtes bon pour rentrer chez vous à pied car, à Marseille, les métros sont arrêtés à 21 heures.

Même les TGV ont des retards et des ratés. Ainsi celui du lundi 25 juin au soir est parti presque à vide de Marseille. La voie indiquée sur le panneau était fausse et la plupart des passagers sont restés à quai. Il a fallu affréter en toute hâte taxis et bus pour emmener à la gare d'Aix-TGV les quelque 150 passagers abandonnés !

Du côté des cheminots

En général, c'est l'ignorance généralisée. Le voyageur attend et ne sait rien, ni dans le train ni dans la gare. Mais les employés non plus, ni le contrôleur ni l'agent d'accueil, ni même celui qui donne le signal du départ qui scrute les feux. Et, au poste d'aiguillage, il faut parfois "repasser en manuel".

Il arrive que les usagers, excédés, reportent leur colère sur les employés de la gare. Mais ceux-ci ne sont pas à la fête, et les conducteurs, non plus. Leurs roulements sont calculés au plus juste : les retards qui sont en ce moment permanents à Marseille perturbent les horaires de reprise de conduite. Un conducteur qui termine tard le soir, ailleurs que près de son propre domicile a droit à un minimum de 9 h de repos. S'il est arrivé en retard, son train du lendemain repart en retard. D'ailleurs comment repartir le matin bon pied bon oeil quand on a eu plusieurs heures de retard. Il est déjà difficile en temps normal de récupérer correctement, mais là, c'est impossible et les trains restent donc à quai faute de conducteurs. Il y a, bien sûr, les conducteurs de la réserve, mais ceux-ci sont très vite utilisés, et la réserve est vide... En plus, pendant le service il arrive qu'arrêté en pleine voie, le conducteur ne sache rien, car la radio reliant le train au sol est inaudible à cause des nombreuses interférences sur la fréquence.

Les causes

Pourquoi toute cette pagaille ? Il semble, entre autres, qu'il n'y a plus assez de voies pour le trafic prévu, ce qui limite le nombre de trains qui peuvent stationner et repartir de la gare Saint-Charles. Il faut donc qu'un train parte pour qu'un autre puisse entrer, d'où des retards. Ce sont les TGV qui ont la priorité absolue et les passagers qui rentrent de leur travail restent bloqués sur la voie, dans des trains dont la climatisation est souvent défectueuse, et voient défiler devant eux les TGV.

La direction de la SNCF a voulu à tout prix mettre en place le TGV Méditerranée, avant les vacances, alors que l'aiguillage informatique n'était pas encore au point. Il s'avère que rien n'était prêt ; la gare n'est pas terminée, le nombre des voies n'est pas suffisant. Parfois les trains ne partent pas, faute de machines. Et surtout le nombre des conducteurs est insuffisant.

Réticente à embaucher et former à temps le personnel nécessaire, la direction de la SNCF a créé un beau désordre.

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