Milosevic à La Haye : Un brigand de seconde zone devant ses maîtres06/07/20012001Journal/medias/journalnumero/images/2001/07/une-1721.gif.445x577_q85_box-0%2C13%2C166%2C228_crop_detail.jpg

Dans le monde

Milosevic à La Haye : Un brigand de seconde zone devant ses maîtres

Depuis que Milosevic a été transféré aux Pays-Bas, par les bons soins du gouvernement serbe, les dirigeants occidentaux, Chirac le dernier en date, ressassent des discours hypocrites sur le triomphe de "la justice et du droit" que serait la prise en charge de l'ex-dirigeant serbe par le Tribunal Pénal International pour l'ex-Yougoslavie, le TPIY, et le jugement qui devrait suivre.

Mais en quoi et depuis quand les dirigeants des grandes puissances impérialistes, USA en tête, auraient-ils une quelconque légitimité pour dire, par le biais du porte-voix d'une cour de justice choisi par eux, ce qui est ou n'est pas un crime de guerre ou un crime contre l'humanité ?

Dans le détail comme dans ses aspects généraux, tout cela est une mauvaise farce et une comédie cynique jouée devant les peuples. Certes Milosevic est parmi les tout premiers responsables qui, en jouant sur la corde nationaliste, a assis son pouvoir sur la guerre, les massacres ethniques dans toute l'ancienne Yougoslavie. Mais il est loin d'être le seul, ses compères croates ou bosniaques ne valant pas mieux en cette matière de l'horreur. Mais surtout toutes les puissances impérialistes, les USA, la Grande-Bretagne, la France et l'Allemagne, ont trempé dans la transformation de l'ex-Yougoslavie en foyer permanent d'affrontements des bandes armées rivales, agissant sous l'encouragement et l'aide de leurs protecteurs historiques, qu'il s'agisse de la Slovénie et de la Croatie, ou de la Serbie.

Les grandes puissances portent une responsabilité majeure dans le drame tragique vécu par les peuples des Balkans depuis 1989. Le grand satan expiatoire d'aujourd'hui, Milosevic, s'est retrouvé à d'autres moments le dirigeant sur lequel les USA et les autres comptaient pour maintenir l'ordre sur les peuples de cette région, et avec qui ils ont conclu les accords pour mettre fin temporairement à la guerre en Bosnie, la guerre qui a précédé celle du Kosovo.

Si Milosevic est devenu l'homme à abattre, c'est que, comme Sadam Hussein en Irak, après avoir collaboré avec les brigands impérialistes, il a voulu remettre en cause pour son propre compte les partages d'influence dans la région. C'est cela que les maîtres du monde ont jugé irresponsable, à cause des risques d'instabilité que cela comportait. Mais quant au droit des peuples à disposer d'eux-mêmes, ou à la protection des populations contre les massacres aveugles, ni Bush, ni Chirac, ni Blair ou Schroeder n'en ont que faire. Ils n'en avaient rien à faire quand leurs avions faisaient mourir des milliers d'ex-Yougoslaves, Serbes ou Kosovars, ni quand ils armaient les armées ou les milices massacreuses.

De quelle morale pourrait donc se targuer Chirac, le président chef des armées, alors que parmi les faits d'armes les plus célèbres de l'armée française dans la dernière période il y a la préparation de l'armée rwandaise aux massacres ethniques anti-Tutsis qui ont fait des centaines de milliers de victimes, hommes, femmes et enfants ? Sans même parler de ce qui remonte à la surface aujourd'hui sur les agissements des autorités françaises pendant la guerre d'Algérie.

Ce n'est pas la justice qui va être rendue à La Haye, et ce n'est pas au nom du droit véritable des peuples que parleront juges et procureurs. Ce sera la voix et la force des maîtres impérialistes qui feront entendre que ce sont eux les seuls véritables chefs de bandes qui fixent les règles du jeu, et que les petits potentats sont là pour leur obéir, un point c'est tout.

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