Le magot des grandes entreprises06/07/20012001Journal/medias/journalnumero/images/2001/07/une-1721.gif.445x577_q85_box-0%2C13%2C166%2C228_crop_detail.jpg

Leur société

Le magot des grandes entreprises

En marge de l'affaire Elf, qui a mis en cause Roland Dumas et son ex-PDG Le Floch-Prigent, il existe une affaire de pots-de-vin qui concerne le groupe Thomson-CSF, qui a préféré changer de nom et s'appelle désormais Thalès, tandis qu' un de ses anciens PDG, Gomez, était rattrapé par l'affaire.

Il s'agit de l'affaire dite des "frégates de Taiwan". Pour convaincre des personnes influentes d'appuyer un dossier, le monde industriel et commercial, depuis toujours, ne connaît rien de plus utile que d'arroser les personnes en question à coup de commissions, de pots-de-vin.

Thomson avait donc prévu de procéder ainsi avec quelques responsables taiwanais dans une affaire de vente de frégates.

Evidemment, la difficulté est que les pots- de-vin ne peuvent pas figurer dans les comptabilités qu'on dit "sincères". Mais les progrès de la technique bancaire permettent d'assurer discrètement des transferts de fonds de ce genre. Rien ne vaut pour cela les établissements financiers qui opèrent à partir de "paradis fiscaux", des banques et des banquiers qui ne posent pas trop de questions. C'est ainsi qu'on avait pu entendre dire, grâce aux indiscrétions d'un haut cadre d'Alcatel qui ne l'avait pas touchée, que quelques centaines de hauts cadres de ce groupe avaient pu empocher, il y a quelques années, une belle prime discrètement versée à partir d'une banque située dans un de ces paradis fiscaux.

Pour en revenir à Thomson, il y a quinze jours, des juges suisses qui essayent de mettre des bâtons dans les roues à ceux qui font appel, pour des raisons plus ou moins avouables, aux services des banques suisses, avaient bloqué deux comptes dont le montant représentait 1,08 milliard de francs. Le propriétaire de ces comptes se trouve être un Taiwanais, ce qui le relie très vraisemblablement à Thomson.

Un deuxième gisement, cette fois de 300 millions de francs, vient d'être découvert au Lichtenstein. Cet argent venait d'être viré à partir d'un compte suisse. Cela porte à plus de 1,3 milliard le montant des pots-de-vin versés par Thomson. Et ce n'est certainement pas terminé. De nouvelles lois sur la transparence obligent les établissements financiers, de Suisse et du Lichtenstein, à contrôler l'origine des fonds qu'ils hébergent. Et chaque découverte de ce genre les conduit à refaire des vérifications.

Ce que font Thomson ou Elf, toutes les grandes entreprises le pratiquent également. Cela n'empêche pourtant pas tous les patrons de nous rabâcher qu'il n'y a pas d'argent pour augmenter les salaires, qu'il n'y en a pas pour créer des emplois, tandis que les gouvernants justifient de sabrer dans les budgets des services publics.

Pourtant, à en juger par ce genre d'affaires, pour graisser la patte d'une poignée de responsables, il traîne visiblement pas mal d'argent dans les coins.

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