Affaires : La justice passe... l'éponge06/07/20012001Journal/medias/journalnumero/images/2001/07/une-1721.gif.445x577_q85_box-0%2C13%2C166%2C228_crop_detail.jpg

Leur société

Affaires : La justice passe... l'éponge

A l'approche des échéances électorales, les affaires politico-financières éclatent plus encore qu'avant, épinglant aux politiciens de gauche comme de droite un pétrolier, un marchand d'armes, un industriel, un grand couturier, un roi du BTP ou de la distribution commerciale. Du coup, la justice a beaucoup à faire... pour passer l'éponge sur un certain nombre de ces poursuites.

Plusieurs de ces scandales ont ainsi été, tout dernièrement, enterrés par les plus hautes instances judiciaires.

Le 27 juin, la Cour de cassation annulait les poursuites pour trafic d'armes contre les marchands d'armes Falcone et Gaydamak ainsi que contre Jean-Christophe Mitterrand, le fils à papa bien connu. Tous trois étaient poursuivis à divers titres : "commerce d'armes illicite", "abus de biens sociaux", "abus de confiance", "trafic d'influence" et "fraude fiscale". La décision du tribunal fait que tout ce qui concerne le "trafic d'armes illicite" disparaîtra du dossier sous un prétexte formel, qui n'a rien à voir avec le fond. En effet, selon une loi de 1939 opportunément exhumée par un de leurs avocats, il ne peut y avoir poursuites pour trafic d'armes que s'il y a plainte du ministre de la Défense ou des Finances. Or, dans le cas présent, la plainte n'est venue que deux mois après, un délai qui arrange bien les choses ! Ces poursuites sont donc annulées, ainsi probablement qu'une bonne part des pièces du dossier concernant les autres poursuites. Comme le déclarait fièrement l'avocat, "on fait encore du droit en France" !

Le 28 juin, le procureur général près la Cour de cassation décidait que Strauss-Kahn n'était pas susceptible d'être poursuivi pour concussion. Il avait en effet consenti un dégrèvement fiscal de quelques millions au couturier Karl Lagerfeld. Eh bien, selon le haut magistrat, Strauss-Kahn n'a peut-être pas été très prudent, l'étourdi, mais de là à parler de "concussion" ou de "corruption", il ne faudrait pas exagérer.

Roland Dumas, qui a récemment écopé de 30 mois de prison, dont six fermes, pour bons offices rendus à Elf, a "cafté" ses petits copains socialistes, demandant par exemple dans son interview au Figaro : "Vous ne trouvez pas curieux qu'on ne fasse aucune investigation sur M. Moati ?" C'est ainsi que l'on a appris que l'enquête visant depuis six ans ce proche de Jospin, homme d'affaires et ancien financier du PS, venait d'être annulée par la cour d'appel de Paris. Il s'agissait d'une commission de 7,5 millions versée au PS sur un compte en Suisse par GEC Alstom pour le marché du tramway de Nantes, fief de l'actuel président du groupe socialiste à l'Assemblée nationale Jean-Marc Ayrault. Cerise sur le gâteau, l'affaire est maintenant couverte par la prescription !

Ce ne sont que trois exemples, touchant tous trois des personnalités liées au PS. Mais pour un cas qui parvient à la connaissance du public, combien ne sortent pas, pour l'instant, des milieux restreints où se retrouvent, copains-coquins, des juges, des politiciens et des financiers ?

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