Un SMIC peut en cacher un autre29/06/20012001Journal/medias/journalnumero/images/2001/06/une-1720.gif.445x577_q85_box-0%2C13%2C166%2C228_crop_detail.jpg

Leur société

Un SMIC peut en cacher un autre

La presse a annoncé que le Smic passerait de 7 101 F brut à 7 388 F brut.

Indépendamment du fait que ces 7 388 F brut ne font que 5 844 F net (ce que reçoit vraiment le salarié, et la différence n'est pas mince), cette présentation des choses est plus que tendancieuse.

En effet, cornaqués par les services gouvernementaux (et patronaux) dont ils recopient les données, les journalistes ont systématiquement mis en avant le chiffre le plus avantageux, ou plutôt le moins dérisoire, des plusieurs Smics existant désormais.

La multiplication des Smics... et leur baisse

En effet, depuis le vote de la seconde loi Aubry sur les 35 heures, il n'y a plus un Smic mensuel, mais trois et bientôt quatre. Après le 1er juillet, seul le moins bas atteindra 7 388 F brut, les autres s'établiront à 7 121 F, 7 001 F et 6 916 F en valeur brute (le net allant de 5 830 F à 5 609 F).

Comment est-ce possible ?

Le Smic est fixé sur une base horaire (sa valeur est de 42,02 F avant juillet). Pour un travailleur faisant 39 heures hebdomadaires, il faut multiplier 42,02 F par 169 pour trouver son salaire mensuel (7 101 F brut). Un salarié passé aux 35 heures, et donc en théorie à 151 heures mensuelles, perdrait donc 18 heures avec ce mode de calcul, soit une demi-semaine de salaire. Une telle baisse de salaire - les "35 heures payées 35" - était dans les intentions du gouvernement et du patronat. Mais, devant l'émotion soulevée, la seconde loi Aubry a prévu une sorte de "rattrapage", appelé "garantie de rémunération".

Une garantie de (baisse de) rémunération

Mais, plus le temps passe (et les valeurs des différents Smics le prouvent), plus la "garantie de rémunération" ressemble à une garantie de baisse de rémunération.

En effet, ce complément est calculé sur la base du salaire que touchait le travailleur avant son passage aux 35 heures. Or, le mode de revalorisation de la prétendue garantie est encore plus défavorable que celui du Smic. En outre, la loi interdit tout "coup de pouce", même infime, en la matière. Ainsi, à côté des 4,05 % annoncés de "hausse" du Smic "39 heures", on n'a plus que 2,75 % pour les salariés faisant 35 heures.

Plus minimum que le salaire "minimum"

Chaque 1er juillet, l'écart se creuse entre le Smic mensuel affiché par les médias et le gouvernement, calculé sur la base de 39 heures, et celui que perçoivent de plus en plus de travailleurs passés aux 35 heures, l'écart étant d'autant plus important que le passage est ancien.

Mais certains ne s'en plaignent pas, au contraire. Et d'abord ces "pauvres" employeurs qui touchent les aides de la loi Aubry-Jospin sur les 35 heures pour payer des salariés... au(x) Smic(s) !

En 2000, les dégrèvements dont ils ont bénéficié à ce titre ont atteint la somme de 70 milliards de francs. Record pulvérisé par le budget 2001 avec 92 milliards !

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