Peine de mort : La barbarie d'Etat29/06/20012001Journal/medias/journalnumero/images/2001/06/une-1720.gif.445x577_q85_box-0%2C13%2C166%2C228_crop_detail.jpg

Dans le monde

Peine de mort : La barbarie d'Etat

Un premier Congrès mondial contre la peine capitale vient de se réunir à Strasbourg à l'initiative d'organisations non gouvernementales. Cette initiative a été l'occasion de rappeler quelques chiffres et quelques vérités.

Près de 1 500 détenus ont été exécutés et 3 000 autres ont été condamnés à mort en l'an 2000. Ce nombre est en recul par rapport à 1999 (1 800 exécutions et 3 800 condamnations) mais il ne faudrait pas en conclure que la machine à tuer des Etats tourne au ralenti : près de 1 300 exécutions ont déjà eu lieu depuis le début de l'année 2001.

La peine de mort continue à être appliquée dans une majorité (en nombre et en population) de pays sur la planète : 87 pays ont "une justice qui tue", selon les mots de Robert Badinter. Un certain nombre de pays maintiennent la peine de mort pour certains crimes (haute trahison, par exemple), d'autres conservent la peine de mort dans leur législation mais n'ont pas connu d'exécution depuis des années.

Partout, les chiffres disponibles confirment ce qu'on savait déjà : l'existence de la peine de mort ne fait pas reculer la criminalité.

La Chine connaît autant de condamnations et d'exécutions que tous les autres pays du monde réunis.

Aux Etats-Unis, où le rythme des exécutions s'est accéléré depuis le rétablissement de la peine de mort en 1975, celle-ci a partie liée avec le racisme et la pauvreté. Elle s'applique plus aux Noirs, surtout s'ils sont accusés d'avoir tué un Blanc, et contre les pauvres, qui n'ont pas les moyens de se payer un avocat.

Kerry Max Cook, qui a passé vingt-deux ans dans le couloir de la mort d'une prison du Texas, est venu témoigner à Strasbourg. Son exemple est éloquent. Il avait été condamné pour le meurtre d'une jeune femme à la suite d'un procès truqué par un procureur qui voulait se faire réélire, un policier qui avait affirmé que ses empreintes sur la porte de la victime dataient de six à douze heures (alors qu'il est impossible de dater des empreintes digitales) et par un médecin légiste qui avait modifié son rapport d'autopsie. Il a finalement été innocenté grâce à des tests ADN, demandés par l'avocat que lui avait fourni une université qui s'était intéressée à son cas. Le coupable était l'ancien amant de la jeune femme, un riche Texan qui avait les moyens de se payer un avocat influent.

Et cela se passe dans un pays que l'on dit civilisé !

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