Réquisition des entreprises qui font des profits et qui licencient20/04/20012001Journal/medias/journalnumero/images/2001/04/une-1710.gif.445x577_q85_box-0%2C13%2C166%2C228_crop_detail.jpg

Editorial

Réquisition des entreprises qui font des profits et qui licencient

Après l'annonce des licenciements et des fermetures d'usines chez Danone et des magasins chez Marks et Spencer, c'est Valéo qui prévoit un plan de restructuration avec fermeture d'usines à la clé. Et la liste s'allonge tous les jours.

Quelles que soient les raisons invoquées, qu'il s'agisse d'augmenter la rentabilité, de résister à la concurrence internationale, ou au ralentissement de tel ou tel secteur de l'économie, le but dans tous les cas est de permettre au patronat et aux actionnaires de maintenir ou d'augmenter leurs profits.

Car, bien entendu, il n'est pas question pour le patronat, et les financiers qui sont derrière, de perdre de l'argent. Rien d'autre ne compte pour eux. Tant pis pour les milliers de travailleurs jetés à la rue ! Tant pis pour les villes et les régions frappées par le chômage.

C'est ainsi que depuis des dizaines d'années, la part des travailleurs dans le revenu national va en diminuant alors que celle du patronat et des actionnaires ne cesse d'augmenter.

Aussi le patronat se croit-il tout permis. Il sait que le gouvernement ne fera rien pour changer cette situation, qu'il respectera les règles du jeu capitaliste. C'est ainsi que Jospin, Premier ministre d'un gouvernement dit de la gauche plurielle, agit comme ses prédécesseurs de droite. Face à l'émotion soulevée par les licenciements annoncés dans des entreprises qui font des profits, il ne propose que des demi-mesures, des pistes, comme il dit. Il réfléchit à la façon de rendre les licenciements soi-disant plus coûteux pour les entreprises. Il ne s'agit pas d'interdire ces licenciements mais de les accompagner de mesures de reclassement ou de formation. Bref, il entérine le scandale des licenciements dans les entreprises qui annoncent des bénéfices en hausse !

En fait, le gouvernement ne veut pas affronter les grands groupes capitalistes. Il respecte le fonctionnement de leur économie. Au lieu de prendre sur les super-bénéfices des entreprises, il prend dans les caisses de l'Etat, c'est-à-dire dans l'argent public de quoi compenser un peu les ravages de la politique du tout profit. Il parle d'augmenter les minima sociaux, et peut-être même de faire un geste pour les jeunes qui, avant 25 ans, n'ont pas droit au RMI. Il parle de doubler la prime pour l'emploi. Mais rien que sur le plan des impôts il a déjà fait plus de cadeaux aux riches qu'il n'en fera aux faibles revenus.

Non ce n'est pas sur ce gouvernement que les travailleurs peuvent compter pour voir leurs intérêts défendus.

Face à l'arrogance des patrons, à leur insatiable avidité de profits, la seule réponse efficace sera celle du monde du travail. Les travailleurs ont la force de taper du poing sur la table et de dire : cela suffit. Bien sûr cette riposte nécessaire ne se fera pas en un jour, mais elle se prépare, ce sont les patrons eux-mêmes qui la préparent avec leur avidité et leur mépris.

Aujourd'hui la population - les sondages le montrent - est choquée par les directions de Danone et de Marks et Spencer. Mais le relatif succès que rencontre l'idée du boycott est tel que même les politiciens, des députés de la gauche plurielle, se sont cru obligés de signer une motion de soutien au boycott. Sans doute pour faire oublier qu'ils ne font rien par ailleurs et qu'il n'y a toujours aucune loi proposée pour interdire aux entreprises qui font des profits de licencier sous peine de sanction, y compris jusqu'à la réquisition.

Le samedi 21 avril une manifestation nationale est organisée à Calais. Dans bien des villes dans tout le pays, des manifestations locales sont prévues pour exprimer la solidarité avec les licenciés et la colère contre les patrons et l'immobilisme du gouvernement. Il est de l'intérêt de tous les travailleurs que ces manifestations soient massivement suivies, et qu'elles soient le prélude à d'autres mobilisations, d'autres mouvements.

Car patronat et gouvernement ne sont sensibles qu'au langage de la force et ce n'est que sous la pression des travailleurs qu'ils pourront reculer.

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