Surproduction de viande : Quand il est plus rentable de détruire13/04/20012001Journal/medias/journalnumero/images/2001/04/une-1709.gif.445x577_q85_box-0%2C13%2C166%2C228_crop_detail.jpg

Leur société

Surproduction de viande : Quand il est plus rentable de détruire

L'éclatement de la crise de la vache folle, à l'automne dernier, n'était pas sans poser des problèmes aux autorités européennes. Devenus méfiants, les consommateurs avaient ralenti leurs achats (de 30 % en moyenne, et jusqu'à 60 % en Allemagne), ce qui provoquait une surproduction.

Pour répondre à cette situation, l'Union européenne envisageait deux possibilités : acheter puis détruire purement et simplement les carcasses de bovins, ou bien acheter et stocker en attendant des jours meilleurs. La première solution tentait d'autant plus les responsables européens que les études faisaient état de coûts nettement moins élevés en cas de destruction.

En effet, les experts avaient estimé qu'il en coûterait 260 millions d'euros pour détruire 100 000 tonnes de viande de boeuf, dont 140 à la charge de l'Union européenne, alors qu'en cas d'achat suivi de stockage, la facture s'élèverait à 300 millions d'euros, intégralement à la charge de l'Europe. De plus, dans le deuxième cas, la remise ultérieure des stocks congelés sur le marché risquait de peser sur les cours de la viande fraîche.

Il n'en demeurait pas moins que la perspective d'abattages massifs, suivis de gigantesques bûchers, risquait de choquer l'opinion publique. A juste titre.

Là-dessus, est arrivée la crise de la fièvre aphteuse. Au grand soulagement des autorités européennes, du moins sur ce plan. En Grande-Bretagne, en France, en Hollande, en Belgique et en Allemagne, les destructions massives d'animaux, même si elles concernaient davantage les moutons que les boeufs, pouvaient être justifiées non par des critères de rentabilité mais par des raisons sanitaires. Ouf !

Voilà comment dans cette société pourrie par les critères de rentabilité, on en arrive à choisir de détruire tout ou partie de la production, qu'elle soit agricole ou industrielle d'ailleurs, plutôt que de la stocker ou de la céder à bas prix aux populations qui en ont besoin.

Un constat qui, à lui seul, vaut une condamnation de ce système !

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