Licenciements : Patronat, droite, gauche gouvernementale, pour la liberté de licencier13/04/20012001Journal/medias/journalnumero/images/2001/04/une-1709.gif.445x577_q85_box-0%2C13%2C166%2C228_crop_detail.jpg

Leur société

Licenciements : Patronat, droite, gauche gouvernementale, pour la liberté de licencier

Franck Riboud a reçu, mardi 10 avril, le renfort du patron des patrons, le baron Seillière, qui a donné de la voix lui aussi contre ceux qui voudraient interdire les licenciements dans les entreprises qui font des profits.

Selon monsieur le baron, ce serait (on le cite) de " l'inventivité politique à la recherche d'un effet médiatique ". Pendant qu'il y est, Seillière juge " totalement rétrograde, totalement archaïque, et d'une totale inefficacité " les appels au boycott contre les produits Danone. Il est rejoint sur ce point, ce n'est pas une surprise, par le n°2 du patronat, Kessler, qui juge le boycott " irresponsable ". Mais licencier dans une boîte ultra-riche, ça c'est très responsable... devant les actionnaires mais pas devant les salariés !

Le politicien de droite Alain Madelin, apôtre du capitalisme le plus débridé, est venu mettre son grain de sel en proposant " non pas boycotter Danone, mais boycotter la SNCF ". Un irresponsable ?

Seillière est d'autant plus sensible sur le sujet des entreprises qui font des profits et se moquent pas mal de l'emploi qu'il est directement impliqué dans différentes entreprises où les emplois sont actuellement menacés.

Il y a d'abord les compagnies aériennes, Air Littoral, AOM et Air Liberté, filiales de son groupe la CGIP. Le PDG de ces compagnies vient même de se retourner contre la CGIP et Seillière. Ceux-ci sont accusés par ce PDG de ne pas avoir investi assez d'argent dans ces compagnies actuellement en difficulté. Du fait de ce manque d'investissement, il y a maintenant la menace de fermeture pour ces compagnies, et le risque pour les salariés de perdre leur emploi. D'autre part, le groupe Valéo, dont la CGIP est l'un des principaux actionnaires (20 % du capital), s'apprête lui aussi à supprimer 3 000 emplois.

Seillière, qui n'est pas avare de leçons au gouvernement sur la façon de traiter les salariés en lutte dans le secteur public, pourrait bien se retrouver sous peu en situation de montrer comment lui se débrouille face aux salariés de ses filiales défendant leur emploi.

En attendant, les propos de Riboud et du patron des patrons ont reçu immédiatement l'approbation du secrétaire général adjoint du RPR, Jean-François Copé. Celui-ci estime que mettre des bâtons dans les roues des entreprises qui font des profits et qui licencient, ce serait de " la démagogie pure et simple ". Selon lui, " si l'on alourdit le coût des licenciements, la première conséquence sera évidemment des freins à l'embauche supplémentaire ". Pour autant qu'on comprenne, ce monsieur nous dit que plus on facilite les licenciements, plus on crée d'emplois ! Les travailleurs dont les emplois sont sur la sellette apprécieront.

En revanche, du côté de la gauche gouvernementale, on met bien moins de hâte à reprendre l'idée de l'interdiction des licenciements. C'est avec une extrême modération que François Hollande, le porte-parole du Parti Socialiste, a répondu aux propos de Seillière. Du côté du gouvernement Jospin, on ne veut même pas entendre parler d'une loi qui entrave la liberté... des patrons licencieurs.

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