Groupe PSA Peugeot-Citroën : Au soleil de Marbella, le P-DG Folz pense que nous pouvons travailler jusqu'à 65 ans23/03/20012001Journal/medias/journalnumero/images/2001/03/une-1706.gif.445x577_q85_box-0%2C13%2C166%2C228_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

Groupe PSA Peugeot-Citroën : Au soleil de Marbella, le P-DG Folz pense que nous pouvons travailler jusqu'à 65 ans

C'est de Marbella, sur la riviera espagnole que le PDG du groupe automobile PSA Peugeot-Citroën, Jean-Marie Folz, a déclaré qu'il faudra "maintenir au travail les salariés jusqu'à 65 ans...", ajoutant : "Que cette perspective soit crédible ou pas il faudra bien qu'on y arrive". Evidemment pour lui comme pour les journalistes qu'il entretient depuis plusieurs semaines pour qu'ils fassent l'article d'un nouveau véhicule, ce n'est pas trop dur ! Mais quand, lundi 13 mars, les travailleurs l'ont appris dans la presse, ce fut l'objet de nombreuses discussions : tout le monde était très choqué.

Marbella, la station balnéaire chic entre Malaga et Gibraltar voit régulièrement des dizaines de journalistes se faire présenter de nouveaux véhicules. Cette fois-ci, c'est le C5. Pendant plusieurs semaines, tous frais payés, ils peuvent essayer les voitures et sont donc capables de faire de bons articles, bien documentés... En toute indépendance n'est-ce pas ! L'intendance est prévue et des mécaniciens des usines y participent car les pannes... ça arrive ! Pas de problème donc pour PSA pour payer tout ce cinéma. Mais pour payer les départs des anciens, c'est une autre affaire.

On peut se demander pourquoi une telle déclaration alors qu'il y a à peine un an, le PDG réclamait le contraire. Il voulait "rajeunir la pyramide des âges" des ouvriers de fabrication, le gain de productivité était même estimé si des plus jeunes remplaçaient les anciens travailleurs : de 20 à 25 % ! Et il réussissait à imposer aux finances publiques de prendre en charge une grande partie des frais de mise en préretraite des ouvriers. C'était le plan CASA. Ce plan d'aide fonctionne jusqu'en fin 2004. Mais après ? Qui paiera ? Le gouvernement n'a pas envie de continuer à débourser, et il l'a dit.

Alors bien sûr, Jean-Marie Folz a assorti la menace de nous faire travailler jusqu'à 65 ans d'un bel accord sur les conditions de travail que les syndicats ont signé sauf la CGT. Cet accord prétend alléger les charges de travail dans les unités de production. "Des équipes transversales avec des ergonomes, des médecins du travail, des représentants du personnel seront constituées pour étudier les postes de travail" déclare-t-il encore. Quand on voit actuellement l'augmentation de la charge de travail par des suppressions de postes sur chaîne, la suppression totale de tous les postes de préparation qui permettaient à des anciens de travailler hors de la chaîne, quand on voit l'organisation de l'externalisation de nombreux services qui permettaient également de trouver des postes moins lourds pour les ouvriers usés par des années de travail en chaîne, on ne peut que conclure qu'il n'y aura aucune amélioration des conditions de travail. Mais il faut le faire croire ! Ces déclarations y contribuent comme celles du MEDEF, déjà entendues.

Les patrons voudraient nous habituer à l'idée qu'il faudrait travailler au-delà des 60 ans pour avoir droit à la retraite à taux plein. Avec des conditions améliorées, cela devrait être possible, J.-M. Folz voudrait le faire croire pour les usines de production... du moins à l'extérieur... car à l'intérieur, personne n'y croit, surtout après que l'on eut appris les prévisions d'augmentation du nombre de véhicules produits ! Il est prévu de passer de 2,8 millions de véhicules à 3,5 millions en 2004. On sait que la direction continuera à pousser dehors ceux qui ne pourront suivre les cadences.

Evidemment, en même temps, le PDG de PSA cherche à peser sur le gouvernement pour qu'il continue à payer les préretraites avec l'argent de l'Etat. Et si le mécontentement des ouvriers de l'automobile pouvait peser dans le même sens, Folz n'en serait pas mécontent !

Le groupe affiche une santé insolente et des réserves de 61 milliards de francs de bénéfices cumulés depuis plusieurs années ; il a largement de quoi payer le départ mérité pour les vieux travailleurs qui ont fait sa richesse par des années de travail.

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