Lire : Un temps pour vivre, un temps pour mourir d'Erich Maria Remarque16/03/20012001Journal/medias/journalnumero/images/2001/03/une-1705.gif.445x577_q85_box-0%2C13%2C166%2C228_crop_detail.jpg

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Lire : Un temps pour vivre, un temps pour mourir d'Erich Maria Remarque

Ce roman, qui n'a pas été réédité depuis les années soixante-dix, est plus connu, en français, sous le titre L'Ile d'Espérance mais c'est bien ainsi, Un temps pour vivre, un temps pour mourir, que l'avait intitulé, en allemand, Erich Maria Remarque.

Le livre se situe au début de l'année 1943, pendant la Seconde Guerre mondiale, après que la bataille de Stalingrad de septembre 1942 a marqué le début de la débâcle des armées allemandes devant les armées russes. Ernst Gräber est un soldat allemand vivant, au milieu de tant d'autres morts, d'autant plus nombreux que la sortie de l'hiver et le dégel ramènent au jour tous ceux que la neige avait enfouis. Dans l'horreur de cette armée en retraite, qui ne compte plus ses morts et ses blessés, qui se terre dans les ruines, harcelée par les partisans russes et les bombardements, la peur, le froid, la faim, l'épuisement, le désespoir ne laissent aucun répit. Mais la violence de la répression contre les Russes, les massacres, les exactions sur les civils se poursuivent sous les ordres de l'encadrement nazi qui s'acharne à transformer chaque soldat en assassin.

Pour Gräber, la permission inattendue qui lui est soudain octroyée fait renaître l'espoir de revoir ses parents, sa ville, là-bas, dans cette Allemagne qui apparaît comme un rêve, un asile de paix, une terre préservée et protégée, ainsi que la propagande officielle continue de la présenter. Aucun soldat ne le croit vraiment, mais aucun n'imagine non plus ce que Gräber va trouver au bout de son voyage de retour. Sa ville est en ruines, ses parents ont disparu. La population civile est, là-bas aussi, la victime sans défense des bombardements qui se multiplient. Mais les cadres nazis continuent de régner en maîtres, arrogants et privilégiés au milieu d'une misère terrifiante. Les opposants sont arrêtés, persécutés, envoyés dans les camps de concentration. Les dénonciations, l'antisémitisme font leurs ravages. Pourtant, au milieu de ce chaos et de cette destruction, Gräber trouve le temps de vivre, grâce à la rencontre d'une amie d'enfance. Ses trois petites semaines de permission composent alors une parenthèse presque heureuse dans un monde à feu et à sang.

Comme dans tous ses autres romans ou nouvelles, Remarque fait partager au lecteur l'horreur de la guerre, pas seulement dans un sens pacifiste mais avec la force de la révolte contre une situation horrible, inhumaine. Il montre à quel point les civils furent victimes de cette guerre, partout où les armées nazies passèrent, en URSS en particulier, où se situe une partie importante de son récit, mais aussi en Allemagne : des millions de réfugiés fuient les villes bombardées par les armées anglaises et américaines, les prisonniers allemands des camps de concentration déblaient les ruines sans boire ni manger, les femmes travaillent jusqu'à épuisement dans les usines d'armement.

Dans ce roman comme dans tant d'autres, avec sensibilité et finesse, Remarque poursuit sa dénonciation de la barbarie engendrée par l'accession du nazisme au pouvoir.

Lucienne PLAIN

Un temps pour vivre, un temps pour mourir, d'Erich Maria Remarque, Editions Mémoire du Livre, 280 pages, 149 francs.

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