Le ridicule milliard du logement social16/03/20012001Journal/medias/journalnumero/images/2001/03/une-1705.gif.445x577_q85_box-0%2C13%2C166%2C228_crop_detail.jpg

Leur société

Le ridicule milliard du logement social

Le gouvernement a décidé d'injecter 1 milliard de francs supplémentaire, en faveur du logement social. Cette mesure a été annoncée par Jean- Claude Gayssot (ministre de l'Equipement, du Transport et du Logement) et Louis Besson (secrétaire d'Etat au Logement) juste avant le premier tour des élections municipales. Cela n'a cependant pas suffi à Gayssot pour l'emporter dans les élections municipales de Béziers...

Cette injection devrait se faire au moyen d'une douzaine de mesures financières qui prendront effet... ou pas, sans qu'il soit possible d'en contrôler l'application. Car le financement actuel du logement social se pratique par le biais de nombreux organismes (collectivités locales, Caisse des Dépôts, etc.) tandis que leurs constructions sont l'oeuvre d'une multitude d'organismes d'HLM.

Ce qui est certain, c'est que le nombre des logements sociaux est notoirement insuffisant : il y en a eu 42 500 de construits en l'an 2000, alors que, selon Louis Besson, il en aurait fallu 60 000 à 70 000. Il y a dix ans, il s'en construisait plus du double...

Selon le ministère, le nombre total de logements construits - 300 000- est satisfaisant, c'est juste le logement social qui ne va pas.

En réalité le ministère vise à respecter un certain équilibre entre l'offre et la demande qui permette aux promoteurs immobiliers, propriétaires fonciers, marchands de biens, etc, de faire leur beurre avec les logements privés. Cela signifie qu'il faut -pour ces gens là- des logements à vendre, mais pas trop, pour ne pas que les prix baissent. La "bonne santé" de l'immobilier en ce moment est une bénédiction pour eux.

Ces profiteurs d'une pénurie mesurée ne souhaitent pas qu'il y ait "trop" de logements sociaux mis en chantier car ceux-ci pourraient faire pression à la baisse sur le prix de vente de l'ensemble des logements et par contrecoup sur les loyers. De ce fait la politique de logements chers encouragée actuellement par le gouvernement pénalise les offices de HLM, car le prix des terrains à bâtir grimpe pour eux aussi ainsi que celui de la construction... et du coup les plus pauvres ont toujours le plus grand mal à se loger.

Le gouvernement pourrait aisément décider de gros investissements dans les HLM. Il ne prend qu'une mesure dérisoire pour que le nombre des HLM construits ne tombe pas trop bas, mais sans se donner les moyens de régler le problème.

1 milliard de francs, c'est quand même une somme diront certains... Le jour même de l'annonce gouvernementale, la banque BNP-Paribas publiait ses bénéfices de l'an 2000 : 27 milliards de francs. Que va en faire BNP-Paribas ? Spéculer sur l'immobilier de luxe ou de bureau ? Ou sur on ne sait trop quelles valeurs boursières ? Combien de HLM pourrait-on construire avec cela !

Et il n'y a pas que cette banque, il y a toutes les autres, et il n'y a pas que les banques qui font des centaines de milliards de bénéfices. Si le manque de logements continue c'est parce que l'Etat le veut bien.

La politique gouvernementale, avec cette gouttelette de 1 milliard, est en réalité une provocation à l'égard des mal-logés !

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