Embrouille des 35 heures et menaces sur la sécu16/03/20012001Journal/medias/journalnumero/images/2001/03/une-1705.gif.445x577_q85_box-0%2C13%2C166%2C228_crop_detail.jpg

Leur société

Embrouille des 35 heures et menaces sur la sécu

La loi Aubry sur les 35 heures prévoit une indemnisation en faveur des employeurs. Rien que cela est déjà un scandale : les patrons sont les principaux bénéficiaires de cette loi qui leur permet d'étendre la flexibilité selon leur bon vouloir, il n'y avait nul besoin, en plus, de les payer pour cela.

Cependant le montant de cette indemnisation n'avait même pas été correctement évalué et son financement pas véritablement prévu.

En principe un fonds spécial, baptisé Forec, était censé payer les patrons après avoir reçu des financements divers (écotaxe, contribution sociale sur les bénéfices, tabacs et alcools, etc.). Mais les choses se sont passées différemment. L'écotaxe, par exemple, a été sabrée. Et en fin de compte on a "découvert", pour l'année 2000, que le Forec n'a reçu que 59 milliards de francs alors qu'il "doit" verser aux patrons 72 milliards. Il lui manque donc 13 milliards. L'Etat s'est alors tourné vers la Sécurité sociale pour combler le trou. Autrement dit, pour financer une mesure qui sert avant tout aux employeurs, ce sont les salariés, par l'intermédiaire de leurs cotisations, qui sont en train de payer !

Mais les choses ne s'arrêtent pas là : pour l'année à venir, le Forec ne ramasserait que 80 milliards, alors que les versement aux patrons sont évalués à 95 milliards. Cette fois l'Etat envisage de faire appel de manière régulière et habituelle à la Sécu. Il est même question de supprimer le Forec (qui n'est d'ailleurs pas véritablement officialisé), de tout verser à la Sécurité sociale, quitte pour elle à subventionner ensuite les patrons... quel que soit le déficit de l'opération. Ainsi après le "trou de la Sécu", voilà qu'arrive le "trou des 35 heures".

En réalité, en ce moment il n'y a plus de "trou de la Sécu", il y a même un petit bénéfice. Cela tient au fait que la Sécurité sociale rembourse beaucoup moins les soins et les médicaments qu'avant, et que la baisse du chômage a permis une petite remontée des cotisations. L'ensemble des organismes sociaux (Sécu, Unedic, caisses de retraites complémentaires) ont dégagé un surplus de 54 milliards pour l'an 2000 (dont 4 milliards pour la Sécu). Eh bien, l'Etat lorgne avec gourmandise sur ces sommes et envisage de les utiliser pour financer les 35 heures.

Pour le moment le gouvernement n'a rien décidé, on en est au stade des "projets", et tous les syndicats se sont prononcés contre le financement des mesures Aubry par la Sécu. Le gouvernement laisse passer les élections, et c'est en mai qu'il devrait officiellement annoncer ses intentions, lors de la réunion de la commission des comptes de la Sécurité sociale.

En tout cas la menace est claire, et il va sans doute falloir se battre contre cette nouvelle ponction sur la Sécurité sociale, c'est-à-dire sur les cotisations des travailleurs.

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