Drancy (93) : Pour dire non aux licenciements - les ouvriers de Bosch Beauvais envahissent le CCE16/03/20012001Journal/medias/journalnumero/images/2001/03/une-1705.gif.445x577_q85_box-0%2C13%2C166%2C228_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

Drancy (93) : Pour dire non aux licenciements - les ouvriers de Bosch Beauvais envahissent le CCE

Jeudi 8 mars, les travailleurs de l'usine Bosch de Beauvais sont venus manifester à Drancy devant le siège de la division Bosch Systèmes de Freinage dont dépend leur usine. C'est là que se tenait la réunion du Comité central d'entreprise où la direction devait officiellement présenter son plan de licenciements : entre 300 et 400 emplois supprimés à Beauvais, sur une usine qui compte 800 travailleurs, dont 200 intérimaires.

Et le plan risque de ne pas s'arrêter là. Pour sa production des freins en France, dont la direction et les bureaux d'étude sont à Drancy, Bosch possède en plus de Beauvais quatre autres usines, à Angers, Moulins, Leviers et Pont-de-l'Arche, et le groupe a déjà annoncé qu'il envisageait en plus, dans un avenir proche, la fermeture de son usine d'Angers qui compte 700 salariés.

Que le gouvernement ne vienne pas dire, au nom de la liberté d'entreprise, qu'il n'y peut rien. C'est l'Etat lui-même qui a subventionné Bosch pour son usine de freins de Moulins. En toute connaissance de cause, la direction de Bosch a choisi de prévoir les licenciements à Beauvais et Angers, plutôt qu'à Moulins, afin de garder ces subventions. Voilà à quoi servent les subventions prétendument destinées à aider les patrons à créer des emplois dans les zones sinistrées. Les patrons n'ont qu'à courir d'une prime à une autre en déplaçant les sinistres.

Et le groupe Bosch se porte bien. Il a vu, au cours de l'année 2000, son chiffre d'affaires augmenter de 12 %. Y compris dans son secteur de production des équipements automobiles et des systèmes de freinage. Le groupe a même acheté au cours de l'année deux nouvelles sociétés.

Mais pour gagner encore plus, Bosch à l'intention de transférer une partie de la production de Beauvais et d'Angers vers ses usines de Turquie et de Pologne, où les ouvriers touchent des salaires de misère. Exactement la même opération que celle que Bosch a faite en 1999 avec le licenciement de 300 travailleurs de son usine de chauffe-eau ELM-Leblanc de Drancy pour transférer une partie de la production en Turquie.

C'est pourquoi, lorsque les deux cars de manifestants venus de l'usine de Beauvais sont arrivés à Drancy, ils ont retrouvé devant l'établissement de Bosch Systèmes de Freins un petit groupe d'ouvriers d'ELM-Leblanc, qui avaient débrayé pour les soutenir.

Après avoir manifesté un petit moment dans la rue, ils se sont ensemble engouffrés à l'intérieur des bâtiments, et sont montés dans les étages envahir la salle où se tenait la réunion du CCE. Quelques employés du centre d'étude ont alors eux aussi quitté leur travail pour les rejoindre.

Le patron a alors tenté d'endormir les manifestants en répétant à plusieurs reprises le même discours sur les soi-disant difficultés de l'entreprise de Beauvais. Mais il a été interrompu par un délégué CGT d'ELM, où les ouvriers ont déjà entendu ce genre de baratin, soulignant que tout le monde savait bien qu'il ne s'agissait que d'abaisser les coûts de production pour accroître les bénéfices, et rappelant les profits du groupe Bosch, et le fait que celui-ci vient même de racheter deux nouvelles sociétés, une société japonaise, Zexel, de production d'équipements diesel, et une société américaine, Vermont, de production d'outillage.

Du coup d'autres ouvriers sont intervenus à leur tour pour dire ce qu'ils avaient sur le coeur. C'en était fini du ronron officiel d'un CCE.

Le lendemain, l'article du Parisien qui relatait la manifestation rajoutait, avec semble-t-il quelque étonnement : "Pourtant ce plan social semblait s'amorcer dans la douceur car 236 salariés de Beauvais peuvent d'ores et déjà bénéficier de la retraite anticipée parce qu'ils ont travaillé sur des matériaux contenant de l'amiante." Le journaliste avait probablement, au départ, eu droit à la version de la direction de Bosch, qui espérait qu'en accordant des préretraites aux travailleurs dont elle a déjà bousillé la santé en les faisant travailler sur l'amiante, elle pourrait en douceur faire avaler ses 400 suppressions d'emplois.

En manifestant, les ouvriers de l'usine de freins de Beauvais viennent de montrer qu'il n'en est rien.

Partager