Citroën Aulnay-sous-Bois (93) : Contre le recours au travail temporaire - conférence de presse sur le parking de l'usine16/03/20012001Journal/medias/journalnumero/images/2001/03/une-1705.gif.445x577_q85_box-0%2C13%2C166%2C228_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

Citroën Aulnay-sous-Bois (93) : Contre le recours au travail temporaire - conférence de presse sur le parking de l'usine

Mardi 7 mars à 14 heures, au changement d'équipe, s'est tenue une conférence de presse sur le parking de l'usine Citroën d'Aulnay, la plus grande usine du département de Seine-Saint-Denis par le nombre de salariés. La CGT avait convoqué la presse pour exposer les pratiques, pour le moins abusives, en matière de recours aux entreprises de travail temporaire, un recours qui n'a plus rien de temporaire puisque certains contrats d'intérim sont régulièrement et illégalement renouvelés parfois pendant cinq ans pour un même travailleur. Huit travailleurs ont poursuivi aux Prud'hommes la direction de cette usine sur cet abus. Plusieurs de ces huit intérimaires étaient présents ; et de nombreux ouvriers ont écouté les interventions et dénonciations.

Cette initiative, évidemment, n'était pas du goût de la direction, qui a fait pression pour qu'elle ne se tienne pas. Les journalistes n'étaient donc pas tous au rendez-vous : si des représentants de l'Humanité, de l'AFP, de la Vie Ouvrière, journal de la CGT, et de Lutte Ouvrière étaient présents, France 2 par exemple n'a pas pu venir : certains de ses journalistes s'étaient dits intéressés, mais ce jour-là la chaîne de télévision publique n'avait pas, paraît-il, de caméra disponible Il n'empêche que la conférence s'est tenue et quelques réalités ont pu être énoncées.

5 169 salariés travaillent sur le site d'Aulnay en contrat à durée indéterminée, dont 3 600 ouvriers. Il faut ajouter à ce chiffre 1 585 intérimaires, soit plus de 30 % de l'effectif ouvrier. Ce pourcentage se retrouve dans les autres usines de production. C'est ainsi que le groupe PSA dont fait partie Citroën maintient au total 15 000 travailleurs sous des contrats d'intérim.

De l'usine d'Aulnay, il sort chaque jour 1 723 voitures. Et au niveau du groupe PSA, pour l'année 2000, ce sont 2 815 700 véhicules qui ont été vendus, en hausse de 11,8 % par rapport à l'année précédente. Grâce à cela, les résultats financiers se sont envolés : le bénéfice net est passé à 8,6 milliards de francs, en hausse de 80 % par rapport à 1999. Et, comme le précise une publication du groupe, au cas où nous n'aurions pas tout compris, "le résultat net, c'est le résultat final, après prise en compte de toutes les charges, y compris l'impôt sur les sociétés".

De plus, les prévisions de production sont mirifiques : 3 millions de véhicules en 2001 et 3,5 millions de véhicules en 2004.

La CGT dénonce, dans ces conditions, le recours systématique à l'intérim. Les intérimaires à Aulnay étaient 540 en moyenne durant l'année 1995 avant de passer, avec la mise en place de l'équipe de nuit, à 1660 en 1999 et à 1794 en 2000. A l'usine de Saint-Ouen, ils étaient 48 sur 435 ouvriers au total en octobre 1998. Et, en septembre 2000, il y avait 189 intérimaires sur un effectif total ouvrier de 679.

Plus que l'adaptation des effectifs à la production, ce recours systématique à l'intérim ressemble à une politique délibérée de la direction pour exercer une pression constante sur les travailleurs, tant au niveau des salaires qu'au niveau de l'acceptation de conditions de travail difficiles.

C'est ce qu'ont voulu dénoncer les huit intérimaires qui, après deux à cinq ans de contrats ininterrompus, ont décidé d'exiger la requalification de leur contrat d'intérim en contrat à durée indéterminée. L'audience du Conseil de prud'hommes de Bobigny a eu lieu le 16 novembre 2000 et le jugement sera rendu le 22 mars.

Voilà sous son vrai jour l'embellie de l'emploi tant vantée par les ministres : une augmentation importante de la précarité. En un an, en France, 1,78 million de personnes, dont 45 % de moins de 25 ans, ont effectué au moins une mission d'intérim. Ces pratiques utilisées chez Citroën, et qui se répandent dans beaucoup d'autres entreprises, sont parfaitement inadmissibles.

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