L'explosion du silo de Blaye : La course au profit sur la sellette02/03/20012001Journal/medias/journalnumero/images/2001/03/une-1703.gif.445x577_q85_box-0%2C13%2C166%2C228_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

L'explosion du silo de Blaye : La course au profit sur la sellette

L'explosion d'un silo à grains, qui fit onze morts et un blessé grave le 20 août 1997 à Blaye, en Gironde, aurait pu être évitée. Telle est la conclusion du tribunal de Bordeaux qui vient de rendre son jugement en condamnant l'ancien directeur du site à 18 mois de prison avec sursis et 58 000 F d'amende pour ses "négligences" et "imprudences graves". Jugée "directement responsable des agissements commis pour son compte", la Semabla, propriétaire et gestionnaire des installations, a pour sa part été condamnée à 1 million de francs d'amende.

Le fait est que, dans un secteur d'activité réputé particulièrement dangereux, ces gens-là ont pu pendant des années faire passer leurs impératifs de rentabilité et de productivité avant les règles de sécurité les plus élémentaires.

Le résultat est aujourd'hui connu : à cause d'un système de ventilation défectueux et d'un système de dépoussiérage mal entretenu, il a suffi d'une étincelle pour provoquer le drame. L'explosion fut d'une telle violence que la tour de béton haute de 40 mètres et les centaines de tonnes de céréales qu'elle contenait s'effondrèrent sur les locaux techniques et administratifs attenants. Des personnes présentes sur le site ce jour-là, une seule a survécu.

Une fois n'est pas coutume, la justice a retenu la responsabilité du directeur et de l'entreprise dans l'accident. Mais combien d'autres patrons et combien d'entreprises continuent à jouer avec la vie des salariés, en faisant passer la recherche du profit maximum avant l'entretien et la sécurité des installations ? Une enquête menée après le drame de Blaye avait d'ailleurs montré que, dans 80 % des installations du même type qui avaient été inspectées, la sécurité était "souvent insatisfaisante".

La justice, quand elle veut bien les condamner, accuse ces patrons d'homicide "involontaire". C'est pourtant bien délibérément qu'ils font courir des risques aux salariés, et parfois les tuent.

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