LU Château-Thierry : La lutte continue16/02/20012001Journal/medias/journalnumero/images/2001/02/une-1701.gif.445x577_q85_box-0%2C13%2C166%2C228_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

LU Château-Thierry : La lutte continue

A l'usine LU de Château-Thierry, les travailleurs n'acceptent pas la menace de fermeture projetée par Danone. Des initiatives se succèdent et rencontrent un large écho.

C'est ainsi qu'après avoir distribué plusieurs milliers de tracts dans les entreprises de la région et les boîtes aux lettres des cités, appelant à une manifestation le mercredi 7 février à 17 h 30, nous nous sommes retrouvés, à la passerelle de l'usine. Tout de suite, il était manifeste que cette troisième manifestation serait plus importante. Des infirmières et infirmiers de l'hôpital, des cheminots, des travailleurs de la Comaci, de Novacel, de Greenfield, des enseignants et des gens venus seuls ou en famille étaient là pour nous apporter leur soutien.

C'est en scandant "Non aux licenciements, retrait total du plan Riboud" ou bien "Interdiction des licenciements dans toutes les entreprises qui font des profits" sans oublier le "Levons-nous tous contre Danone" que nous nous sommes dirigés vers la gare. Chaque jour environ 1 500 salariés vont travailler sur la région parisienne et nous voulions aller à leur rencontre quand ils rentrent le soir.

Notre manifestation a encore grossi et c'est à plus de 800 que nous avons fait un arrêt devant l'Unité 1 de l'usine. Cette unité a été fermée en 1991 suite au premier plan de licenciements de 256 d'entre nous. Une de nos camarades, décédée deux semaines auparavant à l'âge de 55 ans, y avait longuement travaillée. Cette camarade avait participé aux débrayages et manifestations et représentait pour l'ensemble des ouvrières l'ancienne de l'usine, celle qui avait travaillé presque 40 ans sur les chaînes en s'opposant aux volontés de la direction pour accroître toujours davantage les cadences. Un membre de sa famille a tenu à dire : "A l'usine, depuis des années, les cadences sont devenues de plus en plus démentes. Nous le savons toutes et tous, chacun d'entre nous pour tenir le coup prend des médicaments. La fatigue s'accumule, chaque année il est de plus en plus difficile de tenir le rythme et le travail nous use avant l'âge."

Ensuite, nous nous sommes dirigés vers le centre-ville en direction de la mairie. Sur les trottoirs, nous étions applaudis et soutenus. Quand nous appelions à nous rejoindre, certains rentraient dans notre cortège. Sur la place de l'Hôtel-de-Ville, le maire socialiste de Château-Thierry avait fait installer des haut-parleurs. Un camarade de l'usine, bien que cela ne fût pas prévu par le maire, prit alors la parole pour dénoncer le plan de Danone.

"Si l'usine ferme , a-t-il dit", ce ne seront pas seulement 322 familles mais toute la ville, toute la région qui vont en subir les conséquences. Au moment où le gouvernement dit qu'il y a de la reprise, que le chômage baisse, les plans comme ceux de Danonc montrent que ce sont des mensonges et du baratin. Et si on baisse les bras, à Château-Thierry, on connaîtra plus de chômage, plus de précarité, plus de bas salaires... Et je tiens à dire qu'il faut que tout le monde sache bien, et le gouvernement en premier, que nous ne laisserons pas faire ce mauvais coup et que, s'il était moindrement au service des classes populaires, il interdirait ces licenciements".

Quant au maire, il s'est déclaré lui aussi résolument contre ces licenciements et s'est dit partisan d'un projet de loi pour les interdire. Pour finir, il n'a pas hésité à dire aux manifestants un pathétique "la mairie est à vous". Ici ou là des quolibets ont fusé : "celui-là, il veut se faire réélire" ou bien "en 1991, il n'a rien fait, il n'en fera pas plus ce coup-ci".

Pour finir, nous nous sommes retrouvés devant la sous-préfecture. Le sous-préfet a tenu un discours très rassurant et nous a assurés qu'il ferait tout pour faire remonter au préfet notre refus du plan de Danone. De même, parmi les manifestants on pouvait entendre : "ça ou rien, c'est la même chose". Pour lutter contre Riboud et les actionnaires, nous ne pourrons compter que sur notre force collective et cette manifestation a montré que nous étions capables d'entraîner dans la rue plusieurs centaines de travailleurs. A la fin de cette manifestation, un appel à un rassemblement sur la place de la poste a été lancé pour le vendredi 9 février à 17 h 30.

A ce rassemblement, nous étions une centaine dont une cinquantaine de chez LU qui se sont déplacés de chez eux, puisque ce vendredi n'était pas travaillé. Nous avons décidé d'aller à Carrefour nous adresser aux consommateurs. Notre arrivée avec banderoles, tambours, sifflets et notre slogan "Danone, la marque de la honte, levons-nous tous contre Danone" a fait de l'effet. Les employés ont été contents de nous voir, certains nous prenaient en photo. Pendant près de deux heures nous avons pu distribuer un tract, discuter avec la clientèle très nombreuse qui, à de nombreuses reprises, nous a fait part de sa solidarité. Parfois, on nous présentait le caddie en nous faisant remarquer que pas un produit Danone n'avait été acheté. Et très vite on pouvait nous entendre crier : "Acheter Danone, c'est acheter au licencieur Riboud". La télévision régionale a été présente et a bien couvert notre action chez Carrefour.

Chez LU, la riposte au plan Danone continue et Riboud peut compter sur nous pour soigner son image de marque. A suivre donc.

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