Forges d'Anor (Région de Fourmies - Nord) : En grève16/02/20012001Journal/medias/journalnumero/images/2001/02/une-1701.gif.445x577_q85_box-0%2C13%2C166%2C228_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

Forges d'Anor (Région de Fourmies - Nord) : En grève

Les aciéries et forges d'Anor, dans la région de Fourmies, qui fabriquent des lames pour la papeterie, l'imprimerie et la métallurgie, viennent de connaître neuf jours de grève.

Les ateliers de fonderie, forge et mécanique emploient 88 ouvriers. Il y a en plus, en permanence, de 10 à 15 travailleurs intérimaires. Une partie ne fait que passer, que la direction met sur les postes les plus durs et les plus dangereux (ébarbage, fonderie). L'autre partie est là depuis longtemps... mais le patron refuse de l'embaucher.

C'est ce qu'on appelle une "entreprise familiale". Le directeur et propriétaire actuel est le petit-fils du fondateur. Il habite le château de son grand-père, situé en face de l'usine et, à l'entendre, il ne garderait l'usine ouverte que pour rendre service aux ouvriers. Il se sert tout de même un salaire de directeur en plus des bénéfices de l'entreprise. L'autre partie de la soi-disant famille gagne beaucoup moins bien sa vie : un P1, avec sept ans d'ancienneté, toutes primes comprises, touche 5 660 F net. Un P3 avec 24 ans d'ancienneté, travaillant à la journée, touche 7 800 F net. Comme partout la charge de travail a augmenté ces dernières années : un travailleur qui avait une machine doit maintenant en faire fonctionner trois.

Un beau jour, un mardi, le patron a convoqué les deux délégués syndicaux pour leur dire qu'il fallait discuter des 35 heures et que c'était urgent. Tellement urgent que le lendemain il annonçait les nouveaux horaires. Tout était fait naturellement pour rouler les ouvriers. Ceux-ci se sont immédiatement mis en grève, quasi unanimement, pour exiger un vendredi (ou à la rigueur un lundi) de repos toutes les deux semaines pour faire l'horaire des 35 heures, payée 38,50 (horaire légal de la métallurgie dans la région de Maubeuge). Les ouvriers grévistes revendiquaient également 10 % d'augmentation de salaire pour tous.

Ils ont occupé l'usine pendant la journée, tenu le piquet devant la grille, et arrêté les voitures au carrefour devant l'usine pour informer la population.

Au bout de neuf jours de grève, ils ont réussi à limiter la casse sur les 35 heures et à obtenir une petite augmentation pour les plus mal payés. Il y a aussi des promesses quant à la prime d'intéressement... mais c'est le patron qui la calculera. Les ouvriers ont repris le travail avec le sentiment de s'être fait respecter.

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