Dans les grandes villes, les élections municipales de mars prochain ne sont qu'en apparence des élections locales. Bien sûr, le poste de maire est dans ces villes l'objet de bien des convoitises. Parce qu'il compte dans une carrière de politicien, et aussi parce que la mairie fait partie de ces institutions qui peuvent faire des cadeaux au patronat local : à travers la concession de la distribution de l'eau, du ramassage des ordures, des transports publics ou des cantines scolaires, comme à travers la distribution de subventions ou la mise à la disposition des grandes entreprises de terrains viabilisés à bas prix. Mais pour les grands partis de droite ou de gauche, il s'agit avant tout de la préparation des élections législatives et présidentielles de 2002, bien plus importantes encore pour tous ces gens dont l'unique ambition est de gérer les affaires de la bourgeoisie.

Droite et gauche gouvernementale polémiquent d'ailleurs bien plus sur un problème général, celui de l'insécurité, que sur les problèmes de gestion municipale proprement dits. Mais quand les uns et les autres vantent leurs efforts ou leur programme en ce domaine, ils sont aussi hypocrites les uns que les autres, parce qu'ils sont au même titre responsables de cette insécurité.

Si dans certaines banlieues quelques dizaines de petits voyous, qui veulent faire de leur quartier un ghetto où ils pourront se livrer sans problème à leurs petits trafics, parviennent à entraîner derrière eux un grand nombre de jeunes, c'est parce que cette jeunesse n'a aucune perspective d'avenir autre que le chômage, ou la galère, d'emplois précaires sous-payés en emplois précaires. C'est aussi parce que, dans les forces de police, il y a suffisamment d'éléments ouvertement racistes pour que leur comportement dresse tous les jeunes contre eux. Et la situation économique qui favorise cela, comme la présence d'éléments d'extrême droite dans la police, tous les gouvernements qui se sont succédé depuis vingt ans, ceux qui se disaient ouvertement de droite comme ceux qui se prétendaient ou se prétendent de gauche, en sont également responsables.

Depuis vingt ans, le Parti Socialiste a exercé pendant quatorze ans les responsabilités gouvernementales. Et quel est son bilan, du point de vue des travailleurs ? La loi Aubry sur les 35 heures ? Elle a permis la généralisation de l'annualisation du temps de travail et de la flexibilité dans les entreprises, et son application a suscité tant de mouvements sociaux que cela démontre amplement qu'elle a surtout été un cadeau pour le patronat. Ou est-ce le refus d'intervenir quand les entreprises qui empochent des milliards de bénéfices suppriment en même temps des milliers d'emplois ? Ou encore le silence gêné observé quand le Medef s'est attaqué, une fois de plus, à la retraite à soixante ans ?

En quoi ces gouvernements, y compris celui que dirige Jospin, auquel le Parti Communiste Français apporte sa caution, mène-t-il une politique plus favorable aux travailleurs que les représentants ouverts des possédants que sont les hommes de droite ?

Qu'est-ce que ces socialistes qui nagent dans les affaires et encaissent sans honte des fortunes en commissions pour toute sorte de trafics, dans une société qui compte plus de deux millions de chômeurs, des millions de pauvres, des centaines de milliers d'hommes et de femmes qui ne survivent que grâce au RMI et aux Restaurants du coeur ?

Alors, dans ces prochaines élections municipales, la chose la plus utile que nous pouvons faire, c'est de censurer aussi bien la droite que la gauche gouvernementale en votant pour des listes constituées par des travailleurs dont la seule ambition est de faire entendre la voix de tous les exploités dont se moquent éperdument les politiciens au service de la bourgeoisie.

C'est très exactement le sens des listes que Lutte Ouvrière présentera dans un grand nombre de communes.