Retraites : Seillière en remet une couche09/02/20012001Journal/medias/journalnumero/images/2001/02/une-1700.gif.445x577_q85_box-0%2C13%2C166%2C228_crop_detail.jpg

Leur société

Retraites : Seillière en remet une couche

Le 9 février, les négociations devraient reprendre entre le MEDEF et les organisations syndicales au sujet des retraites. Seillière, président du MEDEF, n'a pas changé sa position d'un iota. C'est ce qu'il a réaffirmé lors du " Grand Jury RTL-Le Monde " du 4 février.

Le pseudo-recul sur les retraites complémentaires

Il a déclaré que les salariés n'avaient pas à redouter la diminution de leurs retraites complémentaires, suite au refus du MEDEF de verser les cotisations à l'ASF.

Car, soit le MEDEF continuera à cotiser s'il y a accord avec les syndicats, soit il le fera si le gouvernement l'y oblige.

Le MEDEF veut démontrer que ce n'est que contraint et forcé qu'il " cède " sur les retraites complémentaires.

Ce refus de cotiser à l'ASF n'est, en fait, qu'une manoeuvre du MEDEF. Car ce ne sont pas tant les retraites complémentaires qui sont dans le collimateur du MEDEF, que les retraites elles-mêmes. Le MEDEF a voulu ainsi faire pression afin d'emporter le gros morceau de l'allongement de la durée de cotisation. Avec pour conséquence la diminution du montant des retraites, car les salariés ayant connu le chômage, le temps partiel, les femmes qui ont dû cesser le travail pour élever leurs enfants, etc., n'auront de toute façon pas la durée requise, et du coup la retraite à taux plein.

Et cette manoeuvre du MEDEF ne rencontre pas l'opposition ferme et décidée qui serait la seule réponse à ses arrogantes prétentions, car l'ensemble des syndicats se précipitent, satisfaits que le MEDEF daigne accepter de renouer le dialogue. La CFDT avait même fait de la reprise des négociations le but affiché de sa participation à la manifestation du 25 janvier... Les syndicats présenteraient d'ailleurs comme une victoire une reprise, même provisoire, des cotisations du MEDEF à l'ASF.

Qu'y a-t-il à négocier ?

Seillière prend des pauses, répète qu'il faut agir et ne pas mollir, qu'il faut " regarder en face un énorme problème inscrit dans la vérité démographique ". C'est toujours le même pseudo-argument qu'il nous ressert. Et le gouvernement est à l'unisson. Elisabeth Guigou, ministre de l'Emploi, déclare elle aussi : " Il ne faut pas perdre de temps, il y a un problème démographique. "

Seulement il y a une autre vérité dont ne parlent ni Seillière, ni Guigou, ni la plupart des représentants syndicaux. C'est que les salariés qui partent aujourd'hui à la retraite ont créé durant leur vie de labeur infiniment plus de richesses que la génération d'avant. Et cette richesse, due à la hausse continuelle de la productivité, devrait permettre à l'ensemble des salariés d'en profiter et pas seulement le baron Seillière et les grands patrons. A quoi bon le progrès, à quoi bon l'amélioration des techniques, si c'est pour s'entendre annoncer, après une vie de travail, qu'il faut travailler encore quelques années de plus ou se retrouver à vivre avec des moyens misérables ?

Une " vérité " que Seillière et consort escamotent, c'est qu'il existe dans le pays, selon les chiffres officiels, 2,3 millions de chômeurs. Davantage, en réalité.

Comment le patronat peut-il justifier qu'il fournira du travail à ceux dont il veut retarder le moment du départ à la retraite, alors qu'il n'en propose pas aux chômeurs ?

Pas plus qu'il n'évoque le fait que le patronat fait souvent partir, dans le cadre de plans sociaux, de nombreux salariés en retraite anticipée pour les remplacer souvent par des plus jeunes moins payés.

La véritable revendication qu'il conviendrait d'imposer, ce n'est pas seulement de se limiter à la défense des acquis, même si cette défense est importante, mais ce serait au moins de réclamer le retour aux 37 ans et demi de cotisations pour le secteur privé, que Balladur a supprimés il n'y a pas si longtemps. Ce que d'ailleurs revendiquaient de nombreuses banderoles dans la manifestation du 25 janvier.

Seulement pour cela il faudrait amplifier, élargir les luttes, et pas des parlottes avec le MEDEF, dont on sait que ce ne sont que des diversions sur un terrain et dans un cadre imposés par le patronat.

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