Turquie : L’affaire Pinar Selek, un cas parmi d’autres19/01/20012001Journal/medias/journalnumero/images/2001/01/une-1697.gif.445x577_q85_box-0%2C13%2C166%2C228_crop_detail.jpg

Dans le monde

Turquie : L’affaire Pinar Selek, un cas parmi d’autres

Le 9 juillet 1998, une explosion avait lieu au Grand Bazar d'Istanbul, faisant dix morts et 121 blessés. Le lendemain, tous les journaux annonçaient la nouvelle à la Une en expliquant les faits : l'explosion était due à des bouteilles de gaz utilisées dans un "buffet" (petit restaurant de casse-croûtes). Mais le surlendemain cette même presse annonçait que, selon la police, l'explosion était due à une bombe posée par des terroristes dont une jeune sociologue, Pinar Selek était la complice.

Comme l'a tout de même révélé une partie de la presse, il s'agissait là d'une machination : la police avait saisi l'occasion pour aller déposer des "indices" qu'elle avait ensuite découverts comme par hasard lors d'une perquisition. La jeune fille cumulait plusieurs torts : celui d'avoir pour père un avocat célèbre, fondateur du Parti Ouvrier Turc des années 1970 et mal vu par le pouvoir ; celui d'avoir ouvert un atelier pour éduquer les enfants des rues à Istanbul ; et enfin, celui de sympathiser ouvertement avec la cause du peuple kurde. Autant de raisons pour la police de chercher à faire passer l'explosion des bouteilles de gaz du Grand Bazar pour un attentat organisé par elle !

Malgré l'évidence, et bien qu'elle fasse partie d'une famille connue ayant les moyens de l'appuyer, Pinar avait été condamnée à des années de prison et n'a été blanchie que par un rapport d'expert de fin décembre 2000 établissant de nouveau que l'explosion n'était due qu'aux bouteilles de gaz. Elle est alors sortie de prison, après y avoir passé deux ans et demi et après avoir couru les mêmes risques que les autres détenus lors de l'attaque policière du 19 décembre. Mais elle n'a toujours pas le droit de quitter le pays.

Un exemple qui en dit long sur les machinations dont est capable la police turque et sur la difficulté, quand ce n'est pas l'impossibilité, de lui échapper.

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