Maroc : La censure à l’oeuvre29/12/20002000Journal/medias/journalnumero/images/2000/12/une-1694.gif.445x577_q85_box-0%2C13%2C166%2C228_crop_detail.jpg

Dans le monde

Maroc : La censure à l’oeuvre

Au Maroc, le remplacement d'Hassan II par son fils Mohammed VI n'a jusqu'à présent pas changé grand-chose. En interdisant trois hebdomadaires coupables d'avoir posé des questions gênantes mettant en cause l'actuel Premier ministre et en réprimant durement une manifestation de militants des droits de l'homme, Mohammed VI montre le visage réel de l'actuel régime marocain : celui d'une dictature.

Au moment de son accession au trône, en juillet 1999, la presse internationale avait salué la volonté de réforme du jeune roi et certains avaient cru voir dans le limogeage du ministre de l'Intérieur et dans l'autorisation accordée à l'opposant Abraham Serfaty de retourner au Maroc, après huit ans d'exil forcé (et des années passées dans les geôles d'Hassan II), un signe de ce changement.

Mais même si le Premier ministre, Youssoufi, se qualifie de socialiste, le gouvernement actuel n'a apparemment rien à envier à ceux qui l'ont précédé. La police est omniprésente. La torture et les mauvais traitements sont pratiqués sur les opposants et ceux qui osent réclamer réparation pour les crimes du régime d'Hassan II (comme le font les militants des droits de l'homme au Maroc) ou critiquer le nouveau régime sont en butte à la répression. L'an dernier, plus de 40 prisonniers politiques ont été incarcérés à l'issue de procès fabriqués ; un capitaine, qui avait dénoncé dans les colonnes du quotidien Le Monde la corruption de l'armée, a été condamné à deux ans et demi de prison pour "outrage à l'armée". C'est entre autres pour avoir écrit que le procès de cet officier n'avait pas été "équitable" que Le Journal a été interdit. En novembre, les autorités marocaines avaient expulsé le chef du bureau de l'Agence France-Presse, accusé d'être "hostile au Maroc et à ses institutions".

La répression contre tous les opposants, parmi lesquels des islamistes mais aussi des syndicalistes, ainsi que la misère de la population ouvrière et paysanne font que le Maroc d'aujourd'hui ressemble à celui du temps d'Hassan II, dans les pas duquel marche le roi actuel, Mohammed VI. Il le fait jusque dans l'hypocrisie. Hassan II avait créé un Conseil consultatif des droits de l'homme, Mohammed VI vient d'annoncer la création d'un prix des droits de l'homme qui sera décerné par le Conseil en question!

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