Vaillant, digne successeur de Chevènement : Solidarité avec les sans-papiers22/12/20002000Journal/medias/journalnumero/images/2000/12/une-1693.gif.445x577_q85_box-0%2C13%2C166%2C228_crop_detail.jpg

Leur société

Vaillant, digne successeur de Chevènement : Solidarité avec les sans-papiers

D'après la Coordination nationale des sans-papiers, ils sont plus de 63 000, dits «sans-papiers», à s'être vu débouter de leur demande de régularisation. La plupart d'entre eux, en France depuis des années, avaient fait confiance en 1997 aux promesses électorales de Jospin. Et lorsqu'en juin 1997 le gouvernement de gauche les avait invités à se rendre aux préfectures pour remplir un dossier, ils y avaient cru. Ils avaient rempli les formulaires, dévoilant du même coup aux autorités leur identité, leur domicile. Ils pensaient que le gouvernement tiendrait ses engagements et que les hommes politiques des partis de gauche tout comme les intellectuels liés à ces partis ne les laisseraient pas tomber. D'ailleurs tous ces gens dits de gauche n'étaient-ils pas descendus dans la rue pour protester contre la politique de la droite en matière d'immigration ?

Régulariser leur situation aurait pu être un geste simple, facile, qui ne coûtait même rien aux possédants de ce pays. Mais les dirigeants de la gauche plurielle n'ont pas voulu déplaire à tout ce que ce pays compte de réactionnaires et de xénophobes. Circulaire Chevènement, loi Chevènement, loi Réseda et circulaires diverses ont en réalité laissé aux préfets toute latitude pour régulariser ou rejeter dans la clandestinité qui ils voulaient. Et il faut croire que la détresse, le désespoir, la misère des plus deshérités de cette société n'ont pas longtemps ému la plupart de leurs anciens défenseurs qui se sont bien gardés de continuer à protester contre la politique réactionnaire de Chevènement.

Depuis, les «sans-papiers» régularisés vivent avec le fragile espoir que leurs papiers seront renouvelés chaque année. C'est loin de la régularisation définitive qu'on leur avait fait miroiter. Mais c'est mieux que le sort qu'on impose aux dizaines de milliers d'autres, dont le lot est la précarité et la peur d'être un jour arrêtés et expulsés. Pour eux, oui, c'est pire qu'avant. Car ils sont désormais répertoriés, connus et plus vulnérables encore.

Le risque d'une arrestation n'est pas un vain mot : 3000 sans-papiers sont en prison pour le seul motif qu'ils n'ont pas leurs papiers. Combien d'autres sont dans les centres de rétention, auxquels les associations humanitaires et les avocats n'ont pas forcément accès ? On ne le sait pas vraiment. Combien séjournent dans d'autres centres encore, répertoriés ceux-là, qu'un récent rapport parlementaire qualifiait «d'horreur de la République» ? Quels crimes ont commis ces dizaines de milliers d'hommes et de femmes qui vivent en France pour la plupart depuis des années ? Aucun. Si ce n'est l'erreur d'avoir fait confiance à Jospin, Chevènement et leurs complices avoués ou tacites.

Le gouvernement répond par le mépris aux démarches des sans-papiers. Il répond par une fin de non-recevoir à leurs mouvements de protestation. Il répond par la menace aux actions de ceux qui soutiennent leurs demandes de régularisation ou les aident.

C'est ainsi que Daniel Vaillant, le successeur de Chevènement au ministère de l'Intérieur, n'a pas hésité samedi 16 décembre à faire évacuer par la force des sans-papiers qui occupaient le Palais de Chaillot à Paris, blessant deux sans-papiers. Tout comme il n'avait pas hésité quelques heures auparavant à utiliser des chiens non muselés pour déloger des militants du Collectif anti-expulsions qui menaient une action pour dénoncer le nouveau centre de détention en construction à Roissy.

La régularisation de tous les sans-papiers est une mesure de simple justice. Et l'attitude du gouvernement comme celle des autorités préfectorales est inacceptable.

La Coordination des sans-papiers appelle à une nouvelle manifestation nationale à Paris le 27 janvier 2001. Nous nous associons à cette initiative.

Partager