Nos lecteurs écrivent : Crèches et gardes d’enfants, précarité organisée15/12/20002000Journal/medias/journalnumero/images/2000/12/une-1692.gif.445x577_q85_box-0%2C13%2C166%2C228_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

Nos lecteurs écrivent : Crèches et gardes d’enfants, précarité organisée

J'ai constaté au cours de longues années passées au contact de personnel de crèche que les modes de garde individuels prennent de plus en plus le pas sur les crèches collectives, et cela au détriment des enfants et des personnels en charge des enfants.

D'abord l'allongement des horaires et des trajets des parents les oblige souvent à utiliser des babysitters.

Par ailleurs les pouvoirs publics eux-mêmes se désengagent de la création de nouvelles places en crèche. La CAF elle-même octroie depuis quelques années des aides financières : Afeama et Aged aux parents qui utilisent les modes de garde privés. Les municipalités suivent : par exemple la Ville de Paris, depuis septembre 2000, avec l'allocation Paris petit enfant subventionne à hauteur de 2 500 F mensuel ces modes de garde, se dispensant ainsi de la création de place en crèche.

Or les personnels qui assurent ces modes de garde privés sont particulièrement exploités. Qui sont-ils ?

Il y a d'abord les assistantes maternelles qui gardent les enfants chez elles et sont payées - mal - par les parents, une collectivité ou une association. Elles ont un statut et une formation somme toute récents. Il faut garder au moins trois enfants pour s'en sortir et les parents sortent de plus en plus tard du travail.

Les familles les plus aisées ont recours à une employée à domicile qui, pour le SMIC, assure ménage, repassage, cirage des chaussures de toute la famille, soins et sortie des enfants (jusqu'à trois!), la préparation des repas (y compris ceux du week-end entreposés au frigo!). Et quand les enfants rentrent à l'école maternelle, elles sont bien souvent licenciées.

Quant aux nouvelles catégories, les «assistantes parentales», elles sont censées ne s'occuper que des enfants, mais il n'y a aucun contrôle. Dans ces conditions, comment s'étonner des abus, dont la presse s'est fait l'écho, s'apparentant à de l'esclavage !

Mais les subventions publiques sont loin de permettre à tous les parents de trouver un mode de garde pour leur enfant. Du coup les mères restent à la maison, renonçant à un travail salarié. Une chômeuse n'a pratiquement aucune chance de trouver une place en crèche. Alors comment chercher du travail ?

Il va y avoir des élections municipales. Les différents candidats ne seront pas avares de promesses... Mais ce qu'il faut c'est de l'argent pour les crèches collectives, et des conditions de vie moins stressantes pour les parents et les personnels, ce qui diminuerait beaucoup les risques de maltraitance.

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