Conseil Régional de Lorraine : Des aides pour créer des emplois... à des entreprises qui licencient !08/12/20002000Journal/medias/journalnumero/images/2000/12/une-1691.gif.445x577_q85_box-0%2C13%2C166%2C228_crop_detail.jpg

Leur société

Conseil Régional de Lorraine : Des aides pour créer des emplois... à des entreprises qui licencient !

«Allez-vous financer un groupe qui supprime des emplois, peut-être à moins de 200 km d'ici ?» C'est la question que notre camarade Christiane Nimsgern, élue Lutte Ouvrière au Conseil Régional de Lorraine, a posée en séance plénière à propos d'une aide concernant l'implantation de Tenneco Automotive à Fameck (Moselle).

«Tenneco, a-t-elle dénoncé, recevra 11 millions, dont 5,5 par la Région. Mais le plus scandaleux, c'est qu'on vient d'apprendre par la presse (le journal Les Echos du 2 novembre 2000) que Tenneco va supprimer 700 emplois dans le monde, dont 415 en Europe. Tenneco possède deux sites en France, un en Mayenne et un autre, tout près d'ici, à Wissembourg.»

Eh bien, oui, ils vont financer : droite et PS ont voté pour, PC et Verts s'abstenant. Notre camarade votant contre.

À la même séance, deux autres aides à des entreprises qui licencient sont venues en débat.

D'abord, un projet d'implantation de Pilkington Glass à Freyming-Merlebach. «Voilà un groupe qui fait 1,15 milliard de francs de bénéfices et à qui les pouvoirs publics vont apporter, sur un plateau, plus de 133 millions d'aides publiques, dont 17,6 millions pour le compte de la Région Lorraine.

Or Pilkington a supprimé 10 000 emplois dans le monde depuis 1997. Malgré tout, vous voulez l'aider ? Et pourquoi ? Pour arrondir ses bénéfices ou pour le féliciter d'avoir supprimé des milliers d'emplois ?» Sans doute les deux, puisque cette aide a été votée par les mêmes que pour Tenneco.

Enfin, la Région Lorraine présentait un projet de 20 millions d'aides publiques, dont 8,5 du Conseil Régional, pour une zone industrielle dans la banlieue de Nancy. Elle justifiait la dépense par les emplois maintenus grâce au déménagement d'Alstom de ses vieux locaux nancéens vers cette nouvelle zone.

«En commission, a souligné notre camarade, on m'a dit qu'il valait mieux que les emplois restent à Nancy plutôt qu'ils partent à Londres. Le chantage à la délocalisation est une honte, qu'il soit le fait des groupes industriels ou des hommes politiques qui s'en font le relais.

Car pourquoi faudrait-il céder au chantage d'Alstom ? Pourquoi ce ne seraient pas les pouvoirs publics qui feraient le chantage de retirer à l'Alstom toutes les commandes publiques dont il bénéficie, s'il délocalise, ou s'il persiste à supprimer des emplois comme il le fait depuis un an ?

Vous aidez des trusts qui non seulement font des bénéfices, mais en plus licencient. Je vote bien sûr contre cette aide.»

Droite et PS ont été rejoints cette fois par le PC et les Verts qui ont approuvé ce projet en expliquant qu'il s'agissait d'aménagement de zone industrielle, et non d'une aide directe à une entreprise.

Des millions - versés directement ou indirectement - à des entreprises qui par ailleurs licencient, voilà qui n'émeut pas grand monde dans les Conseils Régionaux...

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