« On nous parle de démocratie car on nous concède le droit d'élire des députés et même le président de la République, sans cependant nous donner la possibilité de les révoquer aussitôt qu'ils trahissent leurs promesses. Mais derrière ceux qui sont élus il y a tout l'appareil d'Etat, les hauts fonctionnaires que personne n'élit, la hiérarchie militaire dressée pour accomplir sans état d'âme les basses besognes pour le compte de la bourgeoisie.

Et aujourd'hui qu'on reparle un peu des crimes de l'armée française en Algérie, de la torture, des exécutions sommaires, il est difficile de savoir qui sont les plus répugnants : les bourreaux galonnés qui coulent des jours heureux à la retraite, les ministres - y compris socialistes - qui les ont couverts en connaissance de cause ou ces dynasties bourgeoises, ces actionnaires des groupes capitalistes qui se sont enrichis grâce au pillage de l'Algérie. De ceux-là personne n'évoque le nom. Pourtant les véritables profiteurs de plus d'un siècle de domination coloniale, les véritables responsables de la sale guerre d'Algérie, ce sont eux. Le vrai pouvoir c'est eux.

Et ce sont encore eux aujourd'hui. Les grandes décisions économiques, celles qui affectent le sort de centaines de milliers de travailleurs et de toute une population, appartiennent à de grands groupes capitalistes que personne n'élit et que personne ne contrôle. Alors qu'eux en revanche, ils contrôlent les dirigeants politiques, les radios, les chaînes de télévision et les neuf dixièmes de la presse écrite. »