Logement social : Une loi contre l’exclusion... qui l’aggrave!01/12/20002000Journal/medias/journalnumero/images/2000/12/une-1690.gif.445x577_q85_box-0%2C13%2C166%2C228_crop_detail.jpg

Leur société

Logement social : Une loi contre l’exclusion... qui l’aggrave!

La loi « solidarité et renouvellement urbain », dite loi Gayssot-Besson, vient d'être définitivement votée par le Parlement. Cette loi est censée imposer aux communes de plus de 3 500 habitants qu'elles aient, sur leur territoire, 20 % de logements sociaux. C'est une façon pour le gouvernement de laisser croire qu'il fait quelque chose pour mettre fin à une situation qui devient de plus en plus dramatique.

Un certain nombre de maires concernés, de droite comme de gauche, ont immédiatement exprimé leur opposition à un projet qu'ils déclarent inapplicable. Ainsi le maire RPR du Raincy, ancien ministre de la Ville, Eric Raoult, a déclaré qu'il ne disposait pas de terrains. Un autre, toujours RPR, celui de la ville du Perreux, commune de la banlieue parisienne elle aussi, prétend que les 1840 logements sociaux qui font défaut dans sa ville pour atteindre les quotas imposés par cette nouvelle loi, le contraindraient à exproprier 600 à 700 pavillons. La vérité, c'est que la plupart de ces maires ne veulent pas de pauvres chez eux, et disent même préférer payer les pénalités qu'imposera la loi (si elle est un jour mise en oeuvre), dans les cas où les chiffres de logements qu'elle fixe ne seraient pas atteints.

D'ailleurs, ils n'ont guère de raisons de paniquer, l'objectif ne devant être atteint que dans vingt ans, et la pénalisation se limitant à 1 000 F par logement manquant. Il n'est même pas certain que le refus des maires réfractaires fasse perdre de l'argent à la commune dont ils ont la gestion : elle peut même leur en faire gagner. Car, et ils le savent bien, la création de cités HLM pèserait à la baisse sur le prix de l'immobilier. Sans compter, et cela peut entrer aussi dans leur calcul, qu'une éventuelle modification de la composition sociale de leur fief pourrait avoir des conséquences sur l'électorat local, ce qu'ils ne voient pas forcément d'un bon oeil.

Ce n'est pas la première fois qu'est évoquée cette question de la répartition des logements sociaux entre les communes, et que l'on affirme péremptoirement que cette situation n'a que trop duré. Cela n'a pas empêché qu'elle se dégrade.

Il y a plus de deux millions de mal-logés, et plus de cinq millions de personnes qui ne le sont pas dans des conditions satisfaisantes. C'est donc que les décisions précédentes sont restées sans effet. Les logements sociaux restent concentrés dans les mêmes municipalités populaires, et toujours en nombre insuffisant. D'après le quotidien Le Parisien il faudrait construire au moins 450 000 logements de ce type, ce qui permettrait tout juste de faire face aux premières nécessités.

Mais ce sont les lois du marché, et non les besoins de la population qui déterminent les constructions. Les promoteurs construisent ce qui leur rapporte, c'est-à-dire des logements destinés à la clientèle la plus solvable. Pour les plus démunis, la crise du logement risque d'avoir encore, malheureusement, de beaux jours. Les lois qui se succèdent pour y remédier ne réussissent pas à grand-chose, même pas à masquer cette triste réalité.

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