SNCF : Une logique commerciale contraire au service public24/11/20002000Journal/medias/journalnumero/images/2000/11/une-1689.gif.445x577_q85_box-0%2C13%2C166%2C228_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

SNCF : Une logique commerciale contraire au service public

La direction de la SNCF a démenti rapidement l'existence d'un projet baptisé "Espace multi-activités en gare", projet rendu public par la secrétaire générale de la CFTC et repris par le quotidien Le Parisien du 17 novembre.

Tel qu'il était rapporté, le projet en question prévoyait la remise à des entreprises privées de la vente des billets, de l'accueil et de l'animation commerciale en gare, des cheminots étant mis à disposition des entreprises en question, la SNCF leur facturant le coût de ce personnel, mobilisé au volontariat et conservant ses avantages et son statut SNCF, parole de direction... On comprend que la publication d'un tel projet ait soulevé pas mal d'émotion. Et le démenti empressé de la direction, tandis que le ministère des Transports interrogé gardait, lui, le silence, n'a pas beaucoup rassuré.

Car depuis plusieurs mois maintenant la SNCF est engagée, à pas rapides, dans une réorganisation générale de son fonctionnement. Cette réorganisation s'effectue dans le sens de la rentabilisation maximum de ses installations et de son personnel, rendant possible, à terme plus ou moins rapproché, la privatisation des secteurs et des activités les plus rentables. La vente morceau par morceau de l'entreprise publique a pour corollaire à peu près inévitable la dégradation du service pour les usagers et des conditions de travail pour les salariés du rail.

Dans ces conditions, la remise à des entreprises privées de certaines activités des gares SNCF n'aurait rien d'invraisemblable, même si le responsable de la gare "expérimentale" de Villefranche-sur-Saône, citée parmi d'autres dans le projet en question, s'est inscrit en faux dès qu'il en a eu connaissance. Il faut rappeler que déjà, et depuis de longues années, le nettoyage des gares est effectué par des entreprises privées, qui passent des marchés intéressants avec la SNCF et font travailler pour une bouchée de pain leurs ouvriers, toujours immigrés. De même, la restauration dans les trains est effectuée par le groupe Accor, après l'avoir été par Servair et les Wagons-Lits. Dans les grandes gares parisiennes, tous ceux qui effectuent des manutentions diverses, avec ou sans chariots à moteur, sont pour la plupart des travailleurs d'entreprises privées. Et si aujourd'hui les cheminots préposés à l'accueil et à l'information des voyageurs ainsi qu'à la vente des billets sont soumis à une pression insistante de la part de l'encadrement pour accepter de porter l'uniforme sur mesure que veut leur imposer la direction SNCF, cela ne signifie nullement qu'ils ne se retrouvent pas vendus avec les murs, un jour ou l'autre, si la politique de rentabilité de l'entreprise l'exige.

Les projets précis de la SNCF et les échéances de leur réalisation ne sont pas connus. Mais ce qui l'est parfaitement, c'est la logique purement commerciale et de rentabilité qui préside à l'ensemble. Il n'est pas dit toutefois qu'elle réussisse à s'imposer, si l'ensemble des travailleurs du rail s'y opposent.

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