Mineurs étrangers : Le gouvernement prépare un mauvais coup24/11/20002000Journal/medias/journalnumero/images/2000/11/une-1689.gif.445x577_q85_box-0%2C13%2C166%2C228_crop_detail.jpg

Leur société

Mineurs étrangers : Le gouvernement prépare un mauvais coup

Jusqu'à présent, les mineurs étrangers entrés irrégulièrement sur le territoire français sont placés en zone d'attente pendant quelques jours, puis renvoyés dans leur pays d'origine. Cependant de nombreux jeunes bénéficient d'une remise en liberté après un passage devant le juge, en raison de leur incapacité juridique liée à leur statut de mineur. Une fois sortis de l'aéroport, ils se perdent alors le plus souvent dans la nature au grand dam du gouvernement.

Parce que mineurs, ces jeunes étrangers ne peuvent ni se défendre eux-mêmes ni effectuer les démarches administratives pour bénéficier du droit d'asile. Ils restent soumis à l'arbitraire de la Police des Frontières. A leur arrivée en France, ils sont arrêtés, malmenés, voire humiliés, avant d'être expulsés manu militari.

De récentes affaires survenues dans les aéroports parisiens, impliquant un jeune Sénégalais et une fillette comorienne, ont défrayé la chronique. Suite à ces scandales et aux interventions des associations de défense des immigrants, qui réclament une plus grande protection de ces jeunes irréguliers, le gouvernement a chargé le ministère de l'Intérieur de concocter un projet de loi censé améliorer l'accueil de ces mineurs étrangers.

Selon ce projet, ces jeunes devraient désormais être assistés "d'un administrateur ad hoc" et d'un avocat commis d'office, "durant leur maintien en zone d'attente", afin d'être représentés "dans toutes les procédures administratives et judiciaires". Cet administrateur serait également capable de saisir le juge des tutelles pour le mineur, dès lors que celui-ci serait autorisé à séjourner en France. Cependant, il n'y a pas un mot sur les démarches nécessaires pour obtenir le droit d'asile. Selon les associations de défense des immigrants, cette "réforme" n'assure en réalité aucune protection des mineurs étrangers isolés : elle se contente tout au plus d'organiser leur séjour en zone d'attente, pour mieux... les reconduire à la frontière !

Le gouvernement Vaillant-Jospin se défend de vouloir les renvoyer dans leur pays d'origine et argue que tout cela "n'est pas ficelé". Hypocrite, il essaye de jouer un petit air de violon humanitaire. L'afflux de milliers d'adolescents étrangers en détresse (2000 en 1999) qui essayent de franchir la frontière chaque année, parfois au péril de leur vie, révèle un véritable problème. Mais la préoccupation du gouvernement est surtout d'empêcher que les jeunes étrangers, qui arrivaient jusqu'à présent à passer au travers des mailles du filet, faute d'un arsenal juridique conséquent, ne puissent plus le faire, de crainte que cela ne fasse "un appel d'air", pour reprendre l'expression des autorités, qui serve d'exemple à d'autres.

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