Les embauches à l’Education nationale : Derrière les effets de Lang24/11/20002000Journal/medias/journalnumero/images/2000/11/une-1689.gif.445x577_q85_box-0%2C13%2C166%2C228_crop_detail.jpg

Leur société

Les embauches à l’Education nationale : Derrière les effets de Lang

Mercredi 15 novembre, l'annonce par Jack Lang de l'embauche de 185 000 enseignants d'ici 5 ans faisait les gros titres des journaux. Un tel chiffre était destiné à frapper les esprits. En particulier ceux des enseignants dont une grande partie manifestait en février-mars dernier pour demander l'amélioration des conditions d'enseignement par l'embauche d'enseignants et de non enseignants, la titularisation des précaires. Mais qu'y a-t-il réellement derrière ces chiffres, qui se prétendent une réponse du gouvernement aux exigences du personnel de l'Education nationale ?

En fait, le plan de Lang comporte deux volets. Le premier prévoit la création de 21 975 postes sur trois ans : 2 400 pour le primaire, 14 900 pour le secondaire et 4 675 pour le personnel non enseignant. Mais pour le secondaire par exemple : il n'y a, en fait, que 2 900 créations nettes et non pas 14 900 comme il s'est dit, et sur trois ans. En effet, 9 000 de ces 14 900 postes sont déjà occupés par des précaires qui seraient titularisés, s'ils réussissent un concours. Ces précaires sont déjà en place, et on ne peut pas parler d'emplois nouveaux. Quant aux 3 000 autres créations d'emplois, ce seront tout bonnement des heures supplémentaires transformées en postes.

En fait, les postes d'enseignant vraiment créés sur ces trois ans se réduiraient à 5 300. A cela, il faut ajouter 4 675 créations d'emplois de personnel non enseignant. En supposant, ce que rien ne garantit, que ce plan soit appliqué réellement. Ce ne serait pas la première fois qu'un plan "pluriannuel" serait remodifié... à la baisse. La proximité des échéances électorales n'est sans doute pas étrangère aux annonces de Lang.

Le premier volet du plan nécessiterait, nous dit-on, 4 milliards. Jospin avait promis un milliard au soir de la manifestation des enseignants du 16 mars dernier. Les manifestants avaient trouvé, à juste titre, cette somme dérisoire. 4 milliards sur trois ans, cela reste tout aussi dérisoire. Il suffit de comparer aux 85 milliards que l'Etat va débourser, rien que pour financer les allégements de charges sociales des patrons, dans le cadre de l'application des 35 heures, aux 52 milliards de baisses d'impôt prévues par Fabius dont 80 % vont bénéficier aux plus riches.

L'autre volet du plan de Lang concerne l'embauche de 185 000 enseignants. D'abord, et tous les syndicats enseignants l'ont noté, même si ces 185 000 enseignants étaient réellement embauchés d'ici 5 ans, ils ne couvriraient même pas les départs à la retraite. Ce sont en effet 40 % des 800 000 enseignants qui arriveront à l'âge de la retraite d'ici 2010. En outre, il faut préciser qu'il s'agit d'un plan de programmation des recrutements, c'est-à-dire une prévision de l'augmentation des places aux concours, pour 5 ans. Mais qui garantit que ces enseignants seront réellement tous recrutés ?

Alors cela peut paraître mieux que rien, sans oublier toutefois qu'il faut de toute façon assurer la relève. Mais au regard des besoins, on est loin du compte. Le SNES, syndicat majoritaire dans le secondaire, fait remarquer que les propositions du ministre n'atteignent même pas le niveau de recrutement des années 1994-1995 à savoir 20 000 postes par an. Il estime par ailleurs qu'il faudrait embaucher 100 000 enseignants, en plus du simple remplacement des départs à la retraite ! Les propositions du ministre, en supposant même qu'elles se concrétisent, ne permettront pas d'enseigner dans de meilleures conditions, en diminuant de façon significative le nombre d'élèves par classes dans les endroits surchargés. Elles ne permettront même pas de faire face aux urgences.

C'est d'ailleurs ce qu'ont fait savoir les 500 enseignants des écoles primaires et maternelles de l'Hérault qui ont manifesté dans les rues de Montpellier pour réclamer une augmentation des effectifs, et ce, au lendemain des annonces de Lang.

Cela montre bien que tous ceux qui sont directement concernés par l'avenir de l'éducation, parents d'élèves ou personnel de l'Education nationale, ne sont pas dupes des déclarations de Lang. Et ils ont bien raison de s'en méfier.

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