Crédit Lyonnais Paris : Grève à la Caisse Générale24/11/20002000Journal/medias/journalnumero/images/2000/11/une-1689.gif.445x577_q85_box-0%2C13%2C166%2C228_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

Crédit Lyonnais Paris : Grève à la Caisse Générale

Le 19 septembre, la direction du Crédit Lyonnais avait fait connaître sa décision d'externaliser vers la Brink's et Serse (transporteur de fonds) les activités de la Caisse Générale du Crédit Lyonnais, qui compte environ 80 personnes. C'est là que sont traités les billets et la monnaie, des agences de Paris et de la région parisienne notamment. La direction annonçait comme prétexte l'obsolescence des machines, et surtout les économies qu'elle réaliserait en externalisant tout ce travail. Mais le personnel, qui réclamait le changement des machines usées depuis plusieurs années, ne l'a pas entendu de cette oreille et a décidé dans un premier temps de s'opposer à cette externalisation. Le jour où ce sujet était mis à l'ordre du jour du Comité d'établissement, le personnel s'est mis en grève (environ 50 personnes, seul l'état-major et une partie de la hiérarchie étaient au travail).

Une dizaine de personnes en grève ont assisté à la séance du Comité et exigé des explications de la direction, sur l'externalisation, sur les économies. Où étaient passées les provisions pour les machines qui n'apparaissent pas dans les comptes de la direction ? Les responsables n'ont pas été très loquaces devant toutes les questions posées, ils ont promis de répondre mais n'ont convaincu personne.

L'ensemble du personnel en assemblée générale a élaboré un cahier revendiquant notamment : une augmentation mensuelle de 1 500 F net ; une prime de 10 000 F net à l'occasion de la fermeture de service ; des possibilités de préretraites sans perte financière ; des garanties pour l'avenir sur les postes que va proposer la direction.

Les organisations syndicales ont soutenu ce cahier dans un premier temps, mais bien vite le SNB (CGC) et la CFDT ont émis des doutes sur la possibilité d'obtenir une augmentation de salaire. C'est ce qui se disait, paraît-il, dans les couloirs de la direction générale ! Le mercredi 8 novembre la direction annonçait qu'elle cédait sur une prime de 5 000 F brut, au lieu des 10 000 net demandés. Mais le personnel tenait à ses revendications. Soutenu par FO et CGT, il continuait à défendre une augmentation de salaire pour tous.

La grève a donc recommencé à partir du jeudi 9 novembre. C'est pratiquement tous les jours que les grévistes se sont rendus au Siège pour y défendre leurs revendications auprès de la direction. Aux diverses réunions avec la direction les grévistes étaient présents, de nouvelles personnes se proposant chaque fois pour aller discuter avec la direction et ne manquant pas de dire ce qu'elles pensaient des bénéfices réalisés par le CL qui ne profitent en rien au personnel. Les grévistes ont rappelé le doublement du salaire du président, alors qu'au niveau des salaires des employés c'était toujours zéro. Ils dénonçaient les conditions de travail, insistant sur leur méfiance vis-à-vis de l'avenir que la direction leur prépare.

La direction, elle, répondait qu'elle ne pouvait pas céder aux revendications. Elle ne l'avait pas fait pour d'autres secteurs, elle craignait que cela puisse faire boule de neige. C'était, à l'en croire, un souci d'équité qui l'animait ! Elle voulait bien passer la prime de 5 000 F à 6 500 F mais ne pouvait aller plus loin, "il fallait la comprendre". Mais les considérations de la direction, le personnel en grève s'en moquait et tous les jours il revenait réaffirmer sa volonté. Tous les jours, un responsable de la direction descendait s'expliquer, ou bien dire que la direction réfléchissait...

Enfin, au bout de neuf jours de grève (deux journées, puis une semaines de grève reconductible), la direction a annoncé qu'elle cédait sur une augmentation de salaire mensuelle nette de 500 F pour tout le personnel de la Caisse Générale (en compensation des deux quarts d'heure de pause qu'ils vont perdre).

Au cours de l'assemblée générale qui a suivi cette annonce, le personnel a décidé de reprendre le travail, mais le lundi seulement, et tous ensemble. Nous avons rappelé la direction pour qu'elle paye les jours de grève. Là, ç'a été un refus catégorique, venant paraît-il du PDG lui-même ; seul a été retenu l'étalement des retenues. Mais pour tout le monde, les grévistes ont gagné. Les 1 500 F, ils ne pouvaient les obtenir sans une extension de leur mouvement. Mais ce qu'ils ont obtenu, c'est à leur lutte qu'ils le doivent. Ils en sont conscients et beaucoup parmi eux espèrent que cela va donner des idées à d'autres.

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